Plus que jamais, un homme s’apprête à négocier 42,195 km sous les 2 heures en compétition officielle, et cela pourrait avoir lieu lors du Marathon de Londres 2025 ce dimanche 27 avril. Les prétendants ne manquent pas avec l’Ougandais Jacob Kiplimo, recordman du monde du semi-marathon, qui fera son apparition sur la distance mythique, le Kényan Eliud Kipchoge (2h01’09 en 2022), le plus grand marathonien de l’histoire, et l’Éthiopien Tamirat Tola (2h03’39 en 2021), champion olympique à Paris en 2024.
Les experts qui se sont penchés sur la possibilité de finir un marathon en moins de deux heures et l’ont envisagée aux alentours de l’année 2035, serraient bien inspirés de revoir leur copie. La question n’est désormais plus de savoir si un homme va faire tomber la barrière des 2 heures au marathon mais plutôt quand et qui ?
Pour la première interrogation, on a une petite idée et il faut pour cela se tourner vers la capitale britannique. Le Marathon de Londres qui se dispute ce dimanche 27 avril pourrait être le théâtre de cet exploit, encore inimaginable il y a encore quelques années. Réputée pour son profil très plat et ses virages peu serrés, l’épreuve est une scène formidable pour accueillir cette prouesse. Pour la deuxième interrogation, Jacob Kiplimo présente un profil de vainqueur potentiel et de nouveau recordman du monde. Et alors qu’il s’agira de son galop d’essai sur la distance, ses chances d’entrer dans la légende semblent plus grandes que jamais.
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Jacob Kiplimo, une première retentissante ?
Les aiguilles des pendules de Big Ben ne pourraient jamais s’en remettre. Pour abattre le mur des 2 heures au marathon et basculer dans l’irréel, il faudra à Jacob Kiplimo courir à une allure régulière (et hallucinante!) d’environ 2’50 par kilomètre tout au long de son marathon, soit un peu plus de 21 km/h, ce qui correspond à 17 secondes pour chaque 100 m. Le double champion du monde de cross-country (2023 et 2024) a réduit en miettes le record du monde du semi-marathon le 16 février à Barcelone, en avalant les 21,0975 km en 56’42, abaissant de 48 secondes l’ancien temps de référence détenu par Yomif Kejelcha (57’30 en 2024 à Valence).
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Pour sa première incursion sur marathon, un chrono sous les 2h00 est envisageable, surtout que le passé récent nous a révélé que l’expérience sur l’épreuve ne rentre plus dans l’équation, certains décidant de brûler les étapes dès leur grande première. Ça semble irréaliste pour le commun des mortels mais son temps hallucinant sur semi-marathon et ses qualités hors-normes lui ouvrent grand le champ des possibles.
Eliud Kipchoge pour une cinquième étoile
Qui dit marathon de fou furieux en prévision, dit présence d’Eliud Kipchoge. La perspective de voir la star kényane de 40 ans descendre sous les 2 heures est assez faible. Le double champion olympique (2016 à Rio et 2021 à Tokyo), attendu également à Sydney le 31 août prochain, cherchera à se rattraper, huit mois après son abandon à Paris l’été dernier. Le GOAT (Greatest Of All Time ou le meilleur de tous les temps en Français) de la course à pied, qui participera à son 24e marathon, tentera d’inscrire une cinquième fois son nom au palmarès de l’épreuve, après 2015, 2016, 2018 et 2019. Le natif de Kapsisiywa, dans le sud-ouest du Kenya, reviendra dans les rues de Londres pour la première fois depuis 2020 où il s’était classé huitième en raison d’une infection de l’oreille avec le froid.
HISTORIQUE !
Le Kényan Eliud Kipchoge devient le premier homme à courir le marathon sous la barre mythique des 2h #lequipeATHLE #INEOS159 pic.twitter.com/Oxs5rh8Dbi
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Si Eliud Kipchoge est peu ménagé par les pépins physiques ces derniers mois, la préparation semble son maître mot. Celui qui détient le titre honorifique de l’homme qui a brisé la barrière mythique des deux heures sur le marathon (1h59’40 à Vienne en 2019) se connait par coeur et n’a pas besoin de courses préparatoires. La qualité de ses entraînements est suffisante et il se concentre sur son objectif.
Tamirat Tola, un statut de champion olympique à honorer
En examinant les 14 marathons disputés par Tamirat Tola au cours de sa carrière, une tendance claire se dessine : Les courses sans lièvre, typiques des grands championnats, lui sont particulièrement favorables. Bien qu’il ait franchi à six reprises la barre des 2h05, ses trois plus grandes victoires des trois dernières années (Mondiaux d’Eugene en 2022, Marathon de New York en 2023, et JO de Paris en 2024) ont toutes été obtenues dans des épreuves sans meneurs d’allure. Sa remarquable capacité à creuser l’écart en seconde moitié de course constitue un atout majeur face à ses adversaires.
#Paris2024 | Tamirat Tola est champion olympique !
Le marathonien est le premier Éthiopien en or au marathon depuis 2000. Il bat le record olympique en 2h06’26 » soit plus de 20km/h de moyenne
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— francetvsport (@francetvsport) August 10, 2024
Par ailleurs, le fondeur éthiopien, fort d’un record personnel de 2h03’39 établis à Amsterdam en 2021, s’apprête à courir pour la quatrième fois à Londres, un cadre qu’il connaît bien et qui pourrait lui offrir un avantage psychologique non négligeable. Il s’y est déjà classé 6e en 2019 (2h06’57), 6e en 2020 (2h06’41), puis 3e en 2023 (2h04’59). Il y a également décroché la médaille d’argent aux Mondiaux de 2017. Celui qui a battu le record olympique sur le parcours exigeant de Paris en 2h06’26 a aussi terminé 4e à New York en novembre dernier, avec un chrono de 2h08’12.
Les outsiders en nombre
Pour la victoire, nos regards se tourneront aussi vers les Kényans Sabastian Sawe, qui ne pouvait pas rêver mieux pour son premier marathon en s’imposant à Valence le 1er décembre dernier en 2h02’05 (5e performeur de l’histoire), et Alexander Mutiso, souverain l’an passé au Marathon de Londres en 2h04’01, ainsi que le Néerlandais Abdi Nageeye, vice-champion olympique à Tokyo en 2021 derrière Eliud Kipchoge et troisième à New York en 2022.
Sabastian Sawe with a debut win at the Valencia Marathon
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On sera attentif au chrono du Britannique Alex Yee, champion olympique 2024 de triathlon, pour sa première apparition sur la distance reine de la course à pied. Il aspire à courir entre 2h07 et 2h10. L’Éthiopien Kenenisa Bekele (2h01’41 en 2019), l’un des plus grands fondeurs de tous les temps, s’est retiré de la liste des engagés ce mardi en raison de problèmes physiques. Le regretté Kelvin Kiptum, décédé dans un accident de la route en février 2024, avait triomphé en 2023 dans la capitale britannique en 2h01’25, avant de s’approprier le record du monde de Kipchoge à Chicago en octobre 2023, en 2h00’35.
Tigist Assefa et Sifan Hassan, épisode 2
Si la course masculine du Marathon de Londres roule dans toutes les têtes des passionnés de course à pied, il ne faut surtout pas laisser l’épreuve féminine, souvent électrique jusqu’au bout, sur le bord de la route. Si les Kényanes Ruth Chepngetich (méforme), première femme à être descendue sous les 2h10, en 2h09’56 en 2024 à Chicago, et Peres Jepchirchir (blessure cheville), championne olympique à Tokyo et détentrice du record du monde dans une course exclusivement féminine à Londres avec 2h16’16 en 2024, ont déclaré forfait la semaine dernière, la course ne manque pas de piment.
#Paris2024 | QUEL FINISH DE FOLIE
La Néerlandaise Sifan Hassan est une athlète de légende, elle remporte la médaille d’or du marathon et s’empare du record olympique en 2’22″55
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La planète marathon devrait encore s’emballer avec la présence de deux des trois athlètes les plus rapides du monde, l’Éthiopienne Tigist Assefa (2h11’53 en 2023, 2e à Londres en 2024 avec 2h16’23), vice-championne olympique 2024 et deuxième performeuse planétaire de l’histoire, et la Néerlandaise Sifan Hassan (2h13’44 en 2023), championne olympique 2024 et lauréate en 2023. Les deux fondeuses avaient livré un mano a mono d’une rare intensité dans les rues de la ville lumière l’été dernier, avec un avantage pour la première citée. Une nouvelle bataille entre ce duo semble se dessiner. La Kényane Joyciline Jepkosgei, victorieuse à New-York en 2019 et à Londres en 2021, et troisième à Londres en 2024 en 2h16’24, sera aussi de la partie.
Surchauffe sur la planète marathon
Rarement un marathon aura suscité un tel engouement, déchaîné autant de passions. Toute porte à croire qu’une nouvelle page de l’histoire de la course à pied va être écrite ce dimanche à Londres : Un parcours très roulant, une météo idéale, une concurrence féroce, des lièvres expérimentés pour maintenir une allure sous les 2 heures (le groupe de meneurs devrait atteindre la mi-course en 1h01’00, ndlr), des chaussures de running armées d’une mousse réactive et légère, combinée à une plaque en fibre de carbone, pour offrir une propulsion efficace… les dévoreurs d’asphalte profiteront de conditions ultra-favorables au Marathon de Londres. Malgré tout cela, ça ne pourrait pas être suffisant. Briser ce plafond de verre nécessitera un véritable alignement des planètes. Il leur faudra trouver « ce truc en plus », ce supplément d’âme…
Crédits photos : STADION, SCC EVENTS/Jean-Marc Wiesneret