Stadion vous propose de découvrir les athlètes français qui vont essayer de nous faire vibrer aux Jeux olympiques de Tokyo. Pour ses premiers Jeux, Morhad Amdouni ne fait pas les choses à moitié en décidant de doubler le 10 000 m (30 juillet à Tokyo) et le marathon (8 août à Sapporo). Épargné par les blessures, il espère revivre les émotions des Europe de Berlin en 2018, et titiller les sommets de l’Olympe.

7 août 2018 : dans le mythique stade de Berlin, Morhad Amdouni porte une dernière accélération. Un rictus de souffrance barre son visage mais le plus important est là, juste devant : le titre de champion d’Europe du 10 000 m. Le premier de l’histoire pour un Français. Ce jour-là, les planètes étaient enfin alignées pour le natif de Porto-Vecchio. Une médaille de bronze sur 5000 m viendra conclure en beauté ces championnats. Depuis, la carrière d’Amdouni a repris son cours : des coups d’éclats, mais aussi… des blessures.

« Je vis à travers la course à pied, je respire à travers la course à pied »

Celui qui fut multiple champion d’Europe de cross chez les jeunes a multiplié les pépins physiques. De ceux qui peuvent gâcher une carrière, quand le talent est là mais que le corps ne suit pas. Malgré les désillusions, le Corse de 33 ans s’accroche et croit en son destin.  Il le dit encore aujourd’hui : « Je n’ai peur de rien. Je cours parce que je vis à travers la course à pied, je respire à travers la course à pied ». Les résultats 2020 suivent. Record de l’heure sur piste (20 772 m) à Lucciana (Corse) en septembre, huitième aux Mondiaux de semi-marathon à Gdynia (Pologne) en 59’40, en octobre 2020… mais aussi la deuxième meilleure performance française de l’histoire sur 10 km (27’42) le dernier jour de l’année, à Barcelone. Le corps suit enfin les ambitions de son propriétaire.

Un doublé pour une grande première

Ses années de carrière se comptent désormais avec deux chiffres, et pourtant ce n’est qu’à Tokyo que Morhad Amdouni découvre l’ambiance des Jeux. Déjà qualifié sur marathon suite à ses 2h09’14 réussis à Paris en 2019, le fondeur corse a ajouté le 10 000 m à son programme. Un choix audacieux mais renforcé en juin dernier, quand il remporte la Coupe d’Europe de la discipline à Birmingham.

27’23″27 : troisième chrono français de l’histoire, et une victoire devant l’ancien roi de la discipline, le Britannique Mo Farah. Ce sera donc le doublé à Tokyo, où les conditions climatiques seront bien différentes. Aucun Français n’avait tenté pareil doublé depuis Alain Mimoun, en 1956. À Kobé, Morhad Amdouni s’est montré plutôt serein en conférence de presse ce mardi : « J’ai de l’ambition. Ce doublé ne me fait pas peur ».

« Faire du mieux possible »

Objectif top 8 sur 10 000, médaille sur marathon. Les Zatopek, Mimoun, l’inspirent. « C’était des combattants, continue celui qui est allé se préparer à Font-Romeu, si ça a marché pour eux, je me dis, pourquoi pas pour moi ? ». Au vu des conditions climatiques annoncées pour le marathon, le sociétaire du Val d’Europe Athlétisme a déjà une stratégie : « Je vais partir 4 à 5 secondes moins vite au kilomètre. J’aviserai après 30 kilomètres, en fonction de la situation. Ce sera ma deuxième expérience sur marathon. Il y a toujours plein de surprises. Je suis là pour faire du mieux possible en portant le maillot de l’équipe de France. Je suis un challenger et je vais essayer d’aller chercher au plus près du podium »

Texte : Mathilde L’Azou
Crédit photo : STADION