On a assisté à une véritable démonstration de Nicolas Navarro qui s’est imposé sur le semi-marathon International des Sables-d’Olonne ce dimanche en 1h04’47, après avoir assommé la concurrence après seulement trois kilomètres d’effort. Le marathonien olympique a été rejoint dix minutes plus tard par Mélody Julien avec un chrono de 1h14’50. Sous les yeux d’un public nombreux et enthousiaste, 2300 coureurs, habitués et amateurs, ont pu profiter du magnifique tracé le long du Remblai dans des conditions venteuses mais sous un soleil généreux. À l’arrière d’une moto presse, nous nous sommes inséré au sein du peloton de tête. Accrochez-vous, on vous embarque avec notre pilote, Franck.
Logés dans le camping partenaire de l’organisation avec les athlètes Elite, nous croisons par hasard à 7h00 ce matin, en rentrant dans notre navette pour assister au briefing des motards au Stade de la Rudelière, le futur vainqueur Nicolas Navarro en train de finir un footing en guise de réveil musculaire. C’est à ce moment-là que nous apprenons que le groupe des Kényans, qui devait partir sur les bases de moins d’1h05, n’a pas réussi à arriver jusqu’à la station balnéaire de la côte vendéenne, victime d’un accident matériel de la circulation. Ce qui laisse sur le papier, un boulevard au spécialiste du marathon pour inscrire son nom au palmarès de l’édition 2022. On le retrouve trois heures plus tard sur la ligne de départ, l’occasion pour lui d’étrenner pour la première fois en compétition officielle la tenue et le prototype de la Cloudboom Echo 3.0 de son nouvel équipementier, On Running. Notre reporter a eu l’opportunité et la chance de pouvoir enfourcher la « moto presse » aux côtés de Franck, motard chevronné sur sa Suzuki verte, avec qui les deux courses (10 km et semi-marathon) seront suivies. L’occasion également de pouvoir admirer le décor somptueux du Remblai en bordure de mer. Afin de capturer les plus beaux clichés possibles, une reconnaissance du tracé a été faite ce matin. Presque à croire que c’est nous qui allions courir aujourd’hui ! Le tracé composé de 3 boucles avec de nombreux virages, balayé par les vents côtiers sur plus de la moitié de la distance fait du semi-marathon International des Sables-d’Olonne une épreuve exigeante dans un cite idyllique.
Un Remblai venteux
« Le parcours est propice à faire une performance et on espère qu’il n’y aura pas trop de vent », craignait Nicolas Navarro lors de notre échange hier. Le Français le plus rapide dans les rues de Sapporo l’été dernier lors des JO (12e en 2h12’50) entendait bien battre le record de l’épreuve détenu depuis 2021 par Yohan Durand en 1h03’17, mais la mission qu’il s’était donnée dans la ville du mythique Vendée Globe fut malheureusement impossible avec le fort vent de face sur le parcours. « Il y avait beaucoup de vent donc ç’a été compliqué de jouer un chrono. Je suis venu aux Sables-d’Olonne pour faire un maximum d’effort en adoptant le rythme de la compétition qui est complètement différent de ce qu’on peut faire à l’entraînement. Ça été en faite une très grosse séance d’entraînement ». Le fondeur de la SCO Ste Marguerite de Marseille a réalisé un départ correct (passage en 15’19 au 5e km puis 30’20 au 10e km) avec dans sa roue Mouad Oulhmad qui a pu, un temps, le suivre. Jusqu’au troisième kilomètre, seul le Marocain de l’Entente Franconville Césame Val-d’Oise est parvenu à garder le contact avec Navarro. Une petite accélération de ce dernier et le voilà seul en tête filant vers une victoire promise, prenant sans cesse du champ sur un peloton véritablement mis KO. Il ne fallait pas être grand devin ou spécialiste émérite en course à pied pour se rendre compte dès le début de la course que la victoire n’allait pas lui échapper. « Je suis parti sur les bases que je voulais, on s’est retrouvé à deux dès le deuxième kilomètre et ensuite, j’ai été seul assez rapidement. Ça a été une course non pas contre les autres mais plutôt contre le vent ». La fusée tricolore de 31 ans fait l’objet d’une couverture constante de notre part, on reste toujours attentifs. On roule devant lui et à un moment donné on voit le cadre qui nous plaît, on descend de la moto. L’idée c’est de faire une photo où on le voit passer dans un bel endroit ou avec le public chaleureux.
Supérieur. Voilà comment on pourrait qualifier Nicolas Navarro sur cette matinée de dimanche qui a laissé son principal rival Oulmad à près de six minutes (1h04’47 contre 1’10’32). « Le gros objectif de l’été, ce sont les Championnats du Monde de Eugene le 17 juillet. Ce semi était idéalement placé un peu plus d’un mois avant l’échéance. J’avais de bonnes sensations, en période de préparation marathon on fait beaucoup de kilomètres, donc c’est plutôt rassurant ». La troisième place revient à Alexis Paskoff en 1h10’39, qui a vite mesuré la différence de niveau qui le séparait d’un athlète sélectionné aux Jeux olympiques. Une des images fortes de la matinée : Plusieurs participants ont pris un tour dans la vue par Nicolas Navarro mais l’encouragaient « Allez Nico! » et tapaient dans leurs mains quand ils voyaient passer le dos et la belle foulée du protégé de Jérémy Cabadet. « L’ambiance était géniale, déjà en septembre dernier lors des France de semi il y avait énormément de monde mais là j’ai l’impression qu’il y avait encore plus de monde. Ça donne envie de revenir l’année prochaine. Et là on a le vent de face, c’est là où il y a le plus de monde donc ça rebooste un peu parce que seul c’est un peu long. Merci aux très nombreux spectateurs qui étaient sur le bord du parcours ! »
Mélody Julien a dû composer sans Yohan Durand
Quelques minutes plus tard, c’était au tour de Mélody Julien (23 ans), 15e au scratch de s’illustrer chez les féminines en 1h14’50 après un tour de piste, effectué sous les applaudissements d’un public nombreux, présent dans les tribunes et sur le pourtour. « Je suis contente d’avoir gagné ! Au début, je suis partie avec les premières mais j’ai vite trouvé le rythme un peu lent donc j’ai accéléré la cadence mais dans la deuxième partie de course (passage au 10e km en 34’31) j’étais seule face au vent. Dans les demi-tours je voyais que les filles étaient loin donc c’était encourageant. C’était une super ambiance, j’étais encouragée tout le long ! Je viens souvent en stage ici puisque j’ai mon partenaire Cybele Vacances. Maintenant, je vais me concentrer sur le semi-marathon des Jeux Méditerranéens (Oran, du 30 juin et 3 juillet). Je suis en période d’examen avec le concours de professeur des écoles. Il me reste encore un oral le 14 juin et après je serai vraiment libérée ». Le record de l’épreuve est la propriété depuis 2007 de Fatiha Klilech-Fauvel en 1h13’12.
Alors que Yohan Durand se remet tout juste d’une blessure au tendon d’Achille, il s’était proposé de longue date de faire le lièvre pour la pensionnaire de l’Association Multisports Montredonnaise. Malheureusement hier, le premier Français du Marathon de Paris 2021 (2h09’21) s’est cogné le genou avec peut-être un début de tendinite. Le Périgourdin de 37 ans a préféré ne pas prendre de risques, ayant les Europe de Munich en août en ligne de mire. « Je savais que je n’étais pas prêt pour batailler avec les garçons donc que je souhaitais emmener Mélody sur un beau record personnel. Je pense qu’aujourd’hui elle en aurait vraiment eu besoin puisque les conditions n’étaient pas top donc je l’aurai bien protégée. Plus de 800 participants sur le 10 km matinal (départ à 8h45) puis 1500 sur le semi-marathon, c’était la fête de la course à pied ce matin aux Sables-d’Olonne. « Avec 2300 mecs qui font la fête, c’est parfois anecdotique le chrono de temps en temps pour passer un dimanche convivial ». Respectivement deuxième et troisième, la Kényane de l’Athlé 66 Ruth Karanja (1’16’46) et la Quimpéroise Karine Pasquier (1h16’58) ont, elles aussi, donné satisfaction.
Aziz Boukebal impérial sur 10 km
Un peu plus tôt dans la matinée, l’athlète du CA Balma Aziz Boukebal est sorti largement vainqueur du 10 km en 31’12. « J’ai essayé d’imprimer un bon rythme dès le départ, dans l’optique d’une prépa 5000 m, nous explique l’ingénieur dans le traitement de l’eau à Saint-Nazaire. J’ai vite compris que le vent allait nous épuiser si on n’y laissait trop de force donc l’idée c’était de durcir le train à la mi-course. J’étais sur 3’10 par kilo avec le vent de face, et je passe sur 2’53 sur les trois derniers kilomètres. Ma prochaine sortie sera samedi au Meeting de Carquefou sur 5000 m avec l’objectif de faire 14’05 ». Le Burundais Abraham Niyonkuru (31’44) et Aurélien Leprest (31’54) se sont hissés sur la deuxième et la troisième marche du podium. Chez les dames, les lauriers ont été décrochés par Catherine Thomas-Pesqueux, toute souriante à l’arrivée, en 36’49. La représentante d’Inaya Athlétisme a pris le meilleur sur Clara Charil (38’34) et Capucine Neel (39’23).
Giancarlo Pedote a peur du vent !
Huitième du dernier Vendée Globe, le skipper italien Giancarlo Pedote a bouclé le semi-marathon en 1h41’41. Si le vent est son ami sur son bateau, il ne l’est pas du tout sur le bitume sablais les chaussures aux pieds. « J’ai été malin parce que je me suis caché derrière des mecs avec des grosses épaules donc finalement je m’en sors pas mal, glisse celui qui prépare minutieusement la deuxième édition de la Vendée-Arctique, course en solitaire et sans escale réservée aux IMOCA le dimanche 12 juin. Parfois, avoir un élément contre soi, ça peut davantage te motiver et te défoncer pour réaliser ton objectif. Je me suis tout de suite mis sur un rythme de 5’00 / km donc je suis satisfait. »
Ce qu’on retient au-delà de cette très belle matinée et de cette nouvelle expérience derrière une moto sur un magnifique parcours, c’est la découverte de personnes réellement passionnées par le running. Tout respire la passion au sein de l’équipe organisatrice, une passion inconditionnelle du running qu’on a rarement ressentie aussi forte ailleurs. Avec autant de personnes expérimentées à la barre également, nous n’avons aucun doute sur le fait que le semi-marathon International de Sables-d’Olonne sait où il va.
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Crédits photos : STADION