VIDÉO – Il y a 2 ans… Pierre-Ambroise Bosse était champion du monde !

08 août 2019 à 9:04

Le tour de magie qu’il a effectué pour arracher l’or mondial il y a deux ans à Londres fut aussi spectaculaire qu’inattendu. Il a frappé les esprits et a fait basculer sa vie. C’est un 800 m qui a fait naître tous les fantasmes et ouvert tous les possibles. Un finish qui a tant touché et ému les cœurs. Vues plusieurs millions de fois sur le web, les images de sa course où, il réussi son coup de poker en attaquant à 300 m de l’arrivée et en résistant jusqu’au bout à ses adversaires, sont dans toutes les têtes. Seulement trois mots pour résumer autant de bonheur pour Pierre-Ambroise Bosse : Champion du monde. Nous vous proposons de (re)découvrir notre article rédigé le 8 août 2017, jour de la victoire de PAB.


L’athlétisme français décroche son onzième titre dans un Championnat du Monde. Son héros ? Pierre-Ambroise Bosse. Une consécration pour un jeune homme à la personnalité attachante et atypique. Retour sur une soirée londonienne d’anthologie.


Remporter une finale mondiale pendant la journée internationale du chat, quand on s’appelle Pierre-Ambroise Bosse, étonnamment, ça semble tout à fait logique quand on connaît l’amour qu’il porte à son Rab’s. Ce mardi soir, il n’a pas oublié de lui rendre hommage après sa victoire : « On embrasse mon chat qui doit être en train de faire ses griffes à la maison, ça doit être chaud pour lui ».


Après avoir difficilement passé les séries et avoir été repêché au temps pour intégrer le top 8 mondial, mardi, qu’on se le dise, ce n’est pas avec la pancarte de favori qu’il a réussi à toucher le Graal : « J’étais encore un peu nerveux au départ. Cela prouve que je ne suis pas non plus dans mon assiette. Il y a beaucoup moins de niveau cette année. Est-ce que ça me concerne aussi ? Bien sûr que oui. » déclare-t-il après sa demi-finale.

Pourtant, cette finale revêtait bien des dangers pour les sept adversaires de Bosse. Déjà, pour la simple et bonne raison qu’il n’avait strictement rien à perdre pour sa troisième finale planétaire. Restait encore à PAB à en faire la démonstration face à une concurrence qui l’avait déjà dominé dans les tours précédents. En apprenant le forfait du recordman du monde David Rudisha, les prétendants à sa succession devaient pourtant se frotter les mains à l’idée de s’amuser sans le maître absolu. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent, c’est bien connu.

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Une attaque décisive

Il est 22h35 quand les fauves sont lâchés dans cette grande messe du double tour de piste. Après avoir bouclé son premier tour en sixième position (51″39), on le voyait assez mal se mêler à la bagarre pour le podium, encore moins pour le titre. Hier soir le champion d’Europe espoirs de la distance s’élançait avec ce petit quelque chose en plus. Pierre-Ambroise Bosse avait ce supplément d’âme, cette énergie et cette inconscience juvénile. Cette majestueuse et déraisonnable envie de ne jamais abdiquer.

Et tout d’un coup, ligne droite opposée, à trois cents mètres de l’arrivée, le rythme ralentit un peu. C’est à ce moment que le l’athlète de 25 ans décide de produire son effort, en faisant l’extérieur. Il déploie sa longue foulée pour se placer en première position à l’attaque du dernier virage. Personne ne le reverra : « Je n’avais rien à perdre, et quand j’ai dépassé tout le monde aux 500 mètres, je me suis mis à leur place. Qu’est-ce qu’ils ressentent à ce moment là ? Je pense qu’ils morflent. Et ça me plait ! C’est la première fois que j’ai cette sensation, comme si je voulais faire mal aux autres. Je me suis senti comme un guerrier et ça m’a plu. »

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Un 300 derniers mètres à couper le souffle

On n’a pas fini d’entendre parler de ces 300 derniers mètres qui vous laissent sans voix et qui vous envoient dans une autre dimension. Un monde d’ivresse et de bonheur. Encouragé par les perchistes Renaud Lavillenie et Axel Chapelle dans le virage, il aborde la dernière ligne droite avec plusieurs mètres d’avance sur la concurrence. Il est imprenable. Adam Kszczot, réalise une incroyable remontée dans les cent derniers mètres mais PAB est déjà bien trop loin. Oui car PAB c’est ça : l’envie, le combat et le rejet absolu de l’échec.

Pierre-Ambroise coupe la ligne d’arrivée en boss, en 1’44″67 devant le Polonais Adam Kszczot (1’44″99) et le Kényan Kipyegon Bett (1’45″21). Champion du monde du 800 m, il avait du mal à réaliser la portée de son exploit : « Je ne l’explique pas. Pendant la course, j’ai eu l’impression d’être un gamin de 15 ans, avec plus d’envie de panache que de performance. Dans la dernière ligne droite, je vivais un rêve. Ils étaient tous derrière moi. Quand j’ai passé la ligne, je n’y croyais pas. Je me disais :  »Ce n’est pas moi » ».

Il n’a pas peut-être pas retrouvé le niveau qui était le sien quand il émargeait en 2014 mais prend la compétition avec beaucoup plus de recul : « C’est pas la tête qui est fière, c’est l’homme. Je suis loin d’être le meilleur du monde mais j’ai compris qu’être champion du monde ça n’a rien à voir avec être le meilleur du monde ».

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Une saison semée d’embûche

Il a réussi son coup de poker. Mais qui aurait pu miser sur une breloque ? À part lui-même, personne peut-être. Bosse est arrivé dans la capitale britannique sur la pointe des pieds, amoindri par une douleur à l’ischio-jambier et n’ayant que trois courses à son actif. La performance dépasse les pronostics les plus fous.

Pour comprendre l’ampleur de ce titre, commençons par rappeler le contexte. Flashback. 28 juin 2017, Meeting de Nancy. On ne l’a pas vu, en raison de blessures au fessier et à la hanche, depuis début mai et un 400 m en 47″80 à Créteil lors du premier tour des Interclubs. Il le sait lui-même, il vit une saison compliquée. A seulement cinq semaines des Mondiaux de Londres, le recordman de France du 800 m (1’42″53) termine cinquième en 1’46″47. Un chrono très éloigné du niveau de performance requis fixé à 1’45″60. A ce moment-là, on dit que l’affaire est mal embarquée.

Trois jours plus tard lors du Meeting de Paris, Pierre-Ambroise Bosse se rassure en coupant la ligne d’arrivée en septième position en 1’45″71 mais assez loin du Botswanais Nijel Amos (1’44″24). Il ne lui manque que onze centièmes pour composter son ticket pour l’Eurostar. A trois jours de la révélation de la sélection finale par la FFA, le finaliste des JO de Rio vient à Monaco avec la ferme attention d’obtenir son sésame. Un stade Louis II qu’il affectionne tout particulièrement, puisque c’est ici même il y a trois ans quasiment jour pour jour qu’il battait le record de France de la distance en 1’42″53. Sans encore évoluer à son meilleur niveau, PAB vient chercher une quatrième place et boucle son double tour de piste en 1’44″72. Une première victoire.

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Changement radical en année post-olympique

Après six ans de collaboration à l’INSEP, Bruno Gajer et Pierre-Ambroise Bosse décident dès septembre de se séparer d’un commun accord. C’est dans l’objectif de remporter des médailles que l’athlète officialise fin décembre sa collaboration avec Alain Lignier. Quelques jours plus tard, le natif de Nantes quitte Gujan-Mestras, son club de toujours, et rejoints l’US Créteil. Huit mois après, le travail porte ses fruits, c’est le moins qu’on puisse dire. Le médaillé de bronze aux Europe en 2012 a également su s’entourer d’un nouveau manager : Kévin Hautcœur, ancien champion d’Europe espoirs du 800 m (2005). Une équipe gagnante.

Malgré ses deux finales mondiales, sa quatrième place aux JO de Rio et son record de France du 800 m, il est davantage connu pour ses passages en zone mixte. Mais Pierre-Ambroise Bosse, à l’esprit original et à l’humour décalé, a prouvé qu’il pouvait également briller sur la piste pointes aux pieds. Le demi-fondeur est entré dans une nouvelle dimension. Sa prestation confirme qu’il a à la fois le talent et la maturité d’un grand champion. Il peut déjà se mettre à rêver du titre suprême à Tokyo en 2020.




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