Il est ouvrier paysagiste de métier mais se consacre maintenant à 100% à son sport : la marche athlétique. Cet athlète, c’est Aurélien Quinion, recordman de France du 35 km marche (2h28’46) et personnalité attachante du peloton. Le Francilien de 30 ans arrive aux Championnats du monde de Budapest avec une seule idée en tête, celle de prendre un maximum de plaisir. Passionné par une a encore trop peu soutenue dans l’Hexagone, le sociétaire de l’Entente Franconville Césame Val-d’Oise s’est livré sans langue de bois à Stadion.
— Aurélien, pour vos premiers Mondiaux l’été dernier à Eugene, vous aviez décroché une belle quatorzième place en abaissant le record de France à 2h28’46. Vous sentez-vous plus fort cette année ?
Oui c’est sûr, je suis plus fort sur toutes les distances et sur beaucoup de domaines. Je pense que je l’ai montré aux Championnats d’Europe de marche par équipes à Podebrady (République tchèque) au mois de mai dernier (4e sur 35 km en 2h29’32).
— Vos différentes courses cette année doivent vous donner de la confiance avant Budapest ?
Je vais arriver à Budapest plus fort que l’année dernière à Eugene. Mes chronos l’ont démontré et je me sens prêt.
— Etes-vous satisfait de votre préparation ?
La préparation a été meilleure qu’en 2022 car je me suis plus entraîné. Mon mode de vie est plus tourné vers le sport et j’ai plus le temps de m’entraîner maintenant. Avec la maturité que j’ai acquise au fur et à mesure, je suis capable de faire plus de choses à l’entraînement. J’ai aussi gagné en confiance tout au long de l’année et lors de ma prépa’ à l’INSEP.
— Avez-vous réalisé des modifications sur le plan technique en 2023 ? Avez-vous commencé à sentir les progrès espérés au niveau de ta technique ?
J’ai essayé de modifier mon geste et de réduire ce temps de suspension. Mais après, est-ce qu’il se passe réellement quelque chose de nouveau ? C’est difficile de le savoir. J’ai beaucoup travaillé à la vidéo et en regardant mes premiers 5000 m, je tentais de mettre des intentions différentes à chaque passage sur l’Optojump (un système innovant d’analyse et de mesure, ndlr) avant de réduire mon temps de suspension. Il y a toujours des points d’amélioration. Je posais mes pieds côte à côte et j’aimerais que mes appuis soient sur une ligne comme le font les meilleurs.
— La gestion des pénalités doit être un point à améliorer… (l’athlète doit toujours avoir un appui au sol et la jambe tendue au passage à la verticale du corps, ndlr)
Pour réussir ces Championnats du monde, il faudra que je puisse arriver sans carton dans les cinq derniers kilomètres. Je pourrais être plus libéré et utiliser au maximum ma force dans la bagarre jusqu’à la ligne d’arrivée. Si je veux être ce bagarreur, je vais devoir maîtriser la première partie de la course.
— Quelles sont vos ambitions à Budapest ?
C’est difficile de pouvoir dire : « Demain , je vais faire 2h22 ou 2h23 », le sport est trop incertain. Je préfère faire une course où je m’éclate et je prends énormément de plaisir, même si je finis 8e ou 15e, au lieu d’avoir des doutes et de me mettre dans le rouge pour rien. Je suis très compétitif mais mon but ultime n’est pas d’être champion du monde, c’est juste de prendre un maximum de kif avant tout. J’adore ce jeu de la course par rapport au résultat in fine, même si je peux quand même envisager de rebattre mon record de France en Hongrie. Mon seul réel objectif sera de ne pas me prendre de tour par n’importe quel marcheur, ce qui c’était passé à Eugene l’année dernière.
— Vous avez déjà réalisé les minima pour les Jeux olympiques de Paris 2024. On imagine que marcher dans la capitale devant vos proches et votre famille, ça va être un moment très fort…
Ça va être cool, c’est top ! Avec les JO de Londres en 2012 pour lesquels je n’ai malheureusement pas pu participer, je ne crois pas qu’on ait déjà eu une course dans un si beau cadre. Courir devant ce public français sera spécial et pourra aider, transporter et pourquoi pas me permettre de grappiller quelques petites places au classement final. L’engouement autour de l’événement, c’est incroyable.
— Qu’est-ce que vous aimez le plus dans la marche ?
J’aime gagner et jouer dans la course. C’est dans la marche où ce jeu peut aller le plus loin possible. J’adore aussi ressentir et travailler le sol tout comme mettre de la puissance dans ma marche me procure également un plaisir sans nom.
— Quelle est votre séance préférée et l’endroit où vous préférez vous entraîner ?
Les jeux de vitesse, c’est mon dada. Je kife les séances sur piste aux allures différentes. Lorsque je suis à l’INSEP et que je prépare une course, je prends tellement de plaisir !
— Il y a un mot qui revient beaucoup chez vous, c’est le plaisir…
Être athlète de haut niveau, c’est vraiment exceptionnel. Je peux kifer ma vie et ces moments de préparation ou de compétition. Avoir des émotions de dingue, c’est ça le plaisir. Ma perception du kif, c’est une bagarre avec tous les autres athlètes plutôt que de les écraser.
— Que pensez-vous de la suppression du 50 km marche ?
Je ne comprends pas déjà pourquoi la marche ne se fait pas à la même distance que le marathon et le semi-marathon, cela parle plus à tout le monde qu’un 35 km par exemple. Descendre du 50 au 35 km, cela me va bien. Ça me réduit du temps d’entraînement et j’ai moins à me fatiguer.
— Quelle(s) distance(s) appréciez-vous le mieux ?
Je suis un « puncheur ». Je préfère quand la course est plus agressive et lorsque je me mets en mode « diesel », le 35 km semble la distance idéale car j’ai le temps de mettre en route. Cette course correspond bien à mes qualités tandis que sur 5 ou 10 km, j’ai un peu plus de mal car les distances sont trop courtes pour une préparation optimale.
— Vous coachez aussi des jeunes marcheurs. C’est important pour vous la transmission de votre passion afin de créer des vocations ?
La Ligue d’Île-de-France m’a toujours engagé dans mes démarches de devenir entraîneur dans un Pôle. Une section marche s’est même créée il y a plus de trois ans. Ce n’est pas tous les jours simple de coacher des enfants qui ne fonctionnent pas comme moi mais ça m’apporte une autre vision et plus de recul sur mon sport. La marche athlétique en France, c’est un sport très solitaire et comme je n’avais pas de réel groupe d’entraînement, je l’ai créé avec ces jeunes qui performent sur le plan national. Personnellement, je peux avoir une autre vision de l’entraînement, réfléchir sur la technique et surtout être utile à la discipline. Je consacre beaucoup de temps avec les jeunes car nous, les athlètes de haut niveau, devons aider à développer la marche dans l’Hexagone. Si nous ne nous engageons pas dans ce développement, la discipline s’éteindra et la passion s’en ira. Je sais que si je gagnais des millions d’euros, j’investirai énormément dans ma discipline. La marche, c’est ce que j’adore de tout mon cœur.
— Heureux de faire partie de la famille ASICS ?
Je suis très content de faire partie de la famille ASICS. Rares sont les marques qui s’intéressent et mettent en avant la marche.
— Avec quelle paire ASICS aimez-vous le plus marché en compétition ? Pour quelles raisons ?
J’aime beaucoup marcher avec les ASICS Magicspeed 3 et les ASICS Metaspeed Sky+ car elles m’apportent de la confiance. Je suis encore plus à l’aise avec les Metaspeed Sky+ qui sont super stables. Quand je les porte, je peux sentir une paire de chaussures performante aux pieds. Dans le peloton, je retrouve beaucoup plus de marcheurs en ASICS et c’est un signe qui ne trompe pas.
— Est-ce que la plaque carbone vous aide dans la pratique de la marche ?
Mentalement, la plaque carbone est d’une grande aide et c’est un plus dans une course.
Le 20 km marche hommes aux Mondiaux de Budapest se déroulera le jeudi 24 août à 7h00.
Propos recueillis par Dorian Vuillet
Crédit photo : Gaëlle Mobuchon / STADION
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