La gadoue à volonté, la pluie, les drapeaux bretons, des victoires surprises, d’autres attendues, des scénarios de fou, une ambiance exceptionnelle au bord du parcours… Carhaix a laissé d’inoubliables souvenirs à ceux qui ont vécu les Championnats de France de cross-country de l’intérieur.
Vingt-trois ans d’attente et une journée qui file à la vitesse de l’éclair. Depuis le temps que Carhaix attendait le retour d’un championnat de France, rien ne pouvait empêcher les passionnés de cross-country de se retrouver dans la capitale du Poher ce week-end. Et ils n’ont pas été découragés par une météo capricieuse qui a pris un malin plaisir à ouvrir grand ses vannes au moment des deux courses Elite. Les k-way et les parapluies étaient de sortie (ils ont une réputation à tenir !), mais la ferveur populaire n’était pas douchée. C’est même tout le contraire pour les 30 000 spectateurs présents autour de la prairie de Kerampuilh, théâtre également du fameux festival des Vieilles Charrues tous les étés.
En attendant, les stars de la musique ont laissé place à ceux des labours, avec une programmation de rêve. Les coureurs ne se sont fait aucun cadeau, le spectacle était grandiose, les accélérations se sont enchaînées, même dans les endroits les plus chahutés. C’est une compétition où les puristes cherchaient avant tout la victoire ! Et le plus souvent, c’est le plus malin ou la plus maline qui a levé les mains en premier. Jusqu’au bout de la victoire obtenue de haute lutte de Jimmy Gressier, en passant par la victoire surprise de Célia Tabet sur le cross court, la passe de trois de Manon Trapp ou encore la défaillance heureusement sans gravité de Jade Le Corre chez les juniors à moins d’un kilomètre de l’arrivée, la compétition a été haletante et passionnante.
La Bretagne, le cross dans le sang
C’est une chose de connaître la popularité des Championnats de France de cross-country. C’est encore plus vrai quand la compétition se dispute en Bretagne. Car, dimanche, c’est à une énorme fête populaire et sportive à laquelle ils nous a été donné d’assister à Carhaix, avec des ingrédients du cru : des centaines drapeaux bretons au vent, des bagadoù en fond sonore. On se rappelle que la Bretagne a connu des cadors du cru, à commencer par Pierre Prat, Lucien Rault, Jean-Luc Paugam ou encore François Person. Et chez les dames, Sandra Lévénez, Jacqueline Lefeuvre et Marie Pierre Duros ont marqué de leur empreinte la spécialité. Le cross en Bretagne est une religion. Ici, le championnat de Bretagne s’appelle le « championnat du monde de Bretagne ! ». Aux dires de la plupart des vainqueurs en zone mixte, un titre de champion de France de cross en Bretagne est bien plus convoité qu’un titre national sur piste.
Une ambiance comme nulle part ailleurs
Un France de cross-country en Bretagne n’est pas seulement un rendez-vous sportif ! Non, détrompez-vous. C’est un événement qui permet de grands moments de partage. D’un côté, il y a les férus de cross. Les supporters arborant fièrement des panneaux au nom de leur champion favori, les connaisseurs qui analysent la course tout en débattant du potentiel vainqueur. De l’autre, nous retrouvons les personnes qui viennent en famille, passer du bon temps. Le cross, c’est une atmosphère bien particulière tout en effervescence. Les odeurs de friture et de crêpes qui couvrent l’ensemble du site, la boue qui colle aux pieds et la ferveur à chaque passage des coureurs.
Un tracé aussi casse-pattes que casse-gueule
Un France de cross-country en Bretagne est aussi l’assurance d’un parcours exigeant et tortueux, à des années lumières des hippodromes plats et très souvent roulants. En termes de difficulté, le tracé carhaisien a mis la barre très haute. Avec ses virages techniques. Et la pluie des derniers jours, qui a transformé le tracé en bourbier, n’a pas arrangé les choses.
Après 1996 et 2000, Carhaix a confirmé que c’est un lieu où s’impriment des grandes pages de l’histoire français de la spécialité. Et les 30 000 personnes présentes le dimanche ont pris beaucoup de plaisir. Et nous aussi par ailleurs. Forcément, cela donne envie d’y regoûter. Il est fort probable qu’il ne s’écoulera pas vingt-trois ans avant que l’élite du cross français ne revienne dans le Finistère.
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(Re)découvrez notre récit des Championnats de France de cross-country à Carhaix, en cliquant ici.
Crédit photo : STADION