Cela ne vous a sûrement pas échappé : les Championnats d’Europe d’athlétisme en salle d’Istanbul, l’un des événements les plus attendus de la saison hivernale par les amoureux du premier sport olympique, commencent jeudi. Mais alors, quelles sont les chances des Bleus en Turquie ? Avec 39 athlètes tricolores sélectionnés (26 en 2021 à Torun et 45 en 2019 à Glasgow), l’équipe de France débarque dans la cité du Bosphore en force. À Torun en 2021, la délégation tricolore était repartie avec quatre médailles dont deux titres (Kevin Mayer à l’heptathlon et Wilhem Belocian sur 60 m haies). Lors des cinq dernières éditions, la France a obtenu en moyenne 5 médailles (4 en 2021 à Torun, 5 en 2019 à Glasgow, 3 en 2017 à Belgrade, 5 en 2015 à Prague et 9 à Göteborg en 2013). Que pouvons-nous attendre de cette équipe de France, à moins d’un an et demi des JO de Paris ?

Kevin Mayer vise l’or

Combien de fois la Marseillaise retentira-t-elle dans l’Atakoy Athletics Arena ? La plus grande chance de breloque dorée repose sans conteste sur Kevin Mayer qui part favori pour grimper sur la plus haute marche du podium de l’heptathlon. Le combinard de 31 ans a déjà connu trois fois les joies d’un podium continental à l’heptathlon : l’argent en 2013 à Göteborg (6297 points), l’or en 2017 à Belgrade (record d’Europe avec 6479 points) et à nouveau l’or en 2021 à Torun (6392 points). La tête de gondole de la délégation française briguera samedi et dimanche une troisième couronne européenne, largement dans ses cordes. La subtilité est sémantique mais Kevin Mayer ne compte pas partir à la défense de son bien mais bien en conquérir un nouveau.

S’il est à son meilleur niveau, comme souvent sous le maillot bleu, ses principaux concurrents auront peu de chance de vaincre. Si Kevin Mayer pourrait venir titiller son propre total, battre le record du monde, propriété de l’Américain Ashton Eaton depuis 2012 avec 6645 points, semble plus compliqué. « J’irai si j’ai les jambes pour faire un gros truc, si je sens que je ne peux pas faire plus de 6400 points, je me réserverai pour l’été. », nous avait-il expliqué en début d’année lorsqu’il n’avait pas encore pris sa décision quant à une potentielle participation aux Championnats d’Europe en salle à Istanbul.

Les hurdlers français et le rêve du double triplé

Or, argent, bronze : il y a huit ans à Prague, les hurdlers français avaient réussi un retentissant triplé européen. Et comme deux des trois médaillés sont encore de la partie en Turquie, la tentation est grande de rêver à un nouvel exploit. Dans le sport de haut niveau, on dit souvent que le plus dur ce n’est pas d’arriver en équipe de France, c’est d’y rester. Pascal Martinot-Lagarde, sacré en République tchèque en 2015 a parfaitement compris le message. Autour de lui sur le podium, ses copains de l’équipe de France, Dimitri Bascou en argent et Wilhem Belocian en bronze. Côté médailles, l’athlète de 31 ans possède une incroyable armoire à trophées : il est monté sur douze podiums dans un grand championnat (4 sur 110 m haies et 8 sur 60 m haies). Une performance aussi rare qu’éblouissante. Onze après sa médaille de bronze aux Mondiaux d’Istanbul, sa première récompense internationale chez les grands, derrière deux grands noms de l’athlétisme, l’Américain Aries Merritt et le Chinois Xiang Liu, PML, flashé en 7″53 cet hiver, a toujours faim. L’élève de Benjamin Crouzet a déjà montré à nombreuses reprises sa capacité à se sublimer dans les grands rendez-vous.

Tous les feux sont au vert pour Just Kwaou-Mathey qui se présente pour la première fois au départ d’un grand championnat international senior avec la pancarte de prétendant à la boîte dans le dos (troisième performeur européen de la saison). Son hiver a été particulièrement prometteur avec un record personnel en 7″53 et le pic de forme pourrait bien arriver en Turquie. En bronze à l’Euro de Munich sur 110 m haies, le pensionnaire de l’Evreux AC voudra renouveler ses exploits de l’été passé. Et si c’était lui la belle « surprise » de la délégation française ? Avec Dimitri Bascou, troisième des JO de Rio en 2016, les Bleus gardent un oeil sur les trois marches du podium à Istanbul. Le 60 m haies masculin est, avec la perche masculine, le gros pourvoyeur de médailles à l’Euro Indoor ces dernières années. Il faut remonter à 2007 pour apercevoir l’absence d’un représentant français sur le podium. Messieurs, dimanche soir, on veut voir du Bleu partout ! Le Suisse Jason Joseph, crédité en 7″44, devrait être leur principal rival.

Chez les dames, Cyréna Samba-Mayela aspire à l’or et s’est spécifiquement préparée pour cette échéance. L’athlète coachée par Teddy Tamgho vient de réaliser 7″84 à Madrid, un chrono à six centièmes de son record de France. Tout autre résultat qu’une médaille serait à coup sûr une déception pour la championne du monde en salle 2022 de Belgrade. La triple championne de France Elite de la spécialité Laëticia Bapté dispose de la cinquième meilleure performance des engagées avec 7″90. Attention à la Finlandaise Reeta Hurske (7″79), à la Suissesse Ditaji Kambundji (7″81) et à la Néerlandaise Nadine Visser (7″85), sacrée en 2019 et en 2021.

Ils ont une belle carte à jouer

Quand les chats ne sont pas là, les souris dansent ! L’absence au concours de la perche de l’extraterrestre Armand Duplantis, qui préfère se concentrer sur la saison estivale, mais aussi de Renaud Lavillenie, rebat automatiquement les cartes. Les plieurs de gaule français Valentin Lavillenie, deuxième en 2021 à Torun, Thibaut Collet, qui a culminé par deux fois à 5,81 m cet hiver, et un Ethan Cormont, en constante progression, peuvent créer une belle surprise en finale. Les qualifications auront lieu samedi 4 mars à 7h04 (heure française). Chez les féminines, Margot Chevrier, Ninon Chapelle et Marie-Julie Bonnin arrivent en Turquie avec le statut d’outsider. Les sauteurs en longueur Jules Pommery (8,17 m), troisième des Europe de Munich l’été dernier, et son partenaire d’entraînement à l’Insep sous la férule de Robert Emmiyan, Erwan Konaté (8,12 m), double champion du monde juniors (2021 et 2022) représentent deux vraies chances de médaille. Ils auront pour principal adversaire le Grec Miltiadis Tentoglou, champion olympique à Tokyo. Troisième des engagés au triple saut, Benjamin Compaoré, avec ses 16,95 m réalisés à Aubière, a évidemment le potentiel pour se hisser dans le top 3. La combinarde Léonie Cambours (deuxième au bilan européen), qui vient de totaliser 4603 points au pentathlon, devra sans doute grappiller une centaine de points pour venir se mêler à la lutte pour le podium, ce qui est parfaitement envisageable. Troisième en Bavière, le 4×400 m hommes vise un nouveau podium. Ils en ont les capacités, dans une épreuve où les nations pouvant prétendre à la victoire ne manquent pas, de la Grande-Bretagne à la Belgique des frères Borlée, en passant par les Pays-Bas et l’Espagne.

Jouer son va-tout

Au rayon des prétendants tricolores qui ont aussi une médaille dans le viseur, comment ne pas mentionner Benjamin Robert, capable de dernières lignes droites dévastatrices. Il est à surveiller comme le lait sur le feu pour ses concurrents. Le Toulousain de 25 ans reste sur deux victoires de prestige au Meeting de Metz (1’47″04 le 11 février) et au Meeting de Liévin (1’46″78, le 15 février), outre le titre national acquis à Aubière. Toujours sur les quatre tours de piste en indoor, Agnès Raharolahy, Léna Kandissounon et Charlotte Pizzo ne comptent pas faire de la figuration mais auront forte à faire sur une distance où la pépite britannique Keely Hodgkinson sera la grande favorite à sa propre succession. Une place sur le podium du 1500 m est envisageable pour Azeddine Habz, quatrième des engagés avec 3’35″27 et en pleine progression ces derniers mois. La première place semble toutefois devoir revenir au Norvégien Jakob Ingebrigtsen, recordman du monde en 3’30″60. Les finales qui sont souvent des courses tactiques, pourraient permettre à Bastien Augusto, lui aussi quatrième du bilan sur 3000 m grâce à ses 7’42″10, de faire parler sa capacité d’accélération dans le dernier tour.

On vous invite à faire vos pronostics : Combien de médailles pour les Bleus à Istanbul ?

Crédit photo : Matthieu Tourault / STADION

Votre média a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près les Championnats d’Europe en salle 2023 (sélection tricolore, retransmission en direct, programme complet, résultats et nos plus beaux clichés des Bleus). Bonne compétition en notre compagnie !

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