Championnats du monde : Alice Finot, une dixième place rafraîchissante

21 juillet 2022 à 6:35

Pour sa première grande finale internationale sur 3000 m steeple, Alice Finot, qui a lourdement chuté au dernier passage de la rivière, s’est classée dixième en 9’21″40 à Eugene. Pour ses neuvièmes Mondiaux, Mélina Robert-Michon a également pris la dixième place de la finale du lancer du disque avec 60,36 m. D’abord éliminé après sa quatrième place, Benjamin Robert a été repêché à la suite de deux disqualifications pour intégrer les demi-finales. Aucun souci pour Gabriel Tual qui s’est qualifié en prenant la deuxième place de sa série.

« It was insane ! » : voici les premiers mots d’Alice Finot en zone mixte qui résume parfaitement la course qu’elle vient de vivre. Et non, malgré la chaleur dans le stade Hayward Field de Eugene ce soir, elle n’a pas eu une envie subite d’aller piquer une tête dans la rivière de steeple. Alors en pleine remontée dans le dernier tour, la pensionnaire du CA Montreuil a été victime d’une grosse chute en heurtant la barrière de la dernière rivière, tombant la tête la première dans l’eau. Fort heureusement, elle ne s’est pas blessée et a pu reprendre la course, qu’elle a terminée à la dixième place en 9’21″41 malgré sa bonne volonté. La vice-championne d’Europe en salle 2021 de Torun n’a évidemment pas perdu son sens de l’humour : « Je n’allais pas me sécher ! », confie-t-elle en riant. Les images sont spectaculaires. Satisfaite tout de même de ce résultat et première à rire de sa chute qui ne manquera sans doute pas de faire le buzz, Alice Finot espère prendre sa revanche aux championnats d’Europe de Munich dans moins d’un mois (15 au 21 août). Elle a d’ailleurs terminé quatrième athlète du Vieux continent de cette finale.

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La steepleuse de 31 ans, installée en Galice, avait les jambes lourdes après un nouveau record de France explosé en séries, n’a pas pris le risque de suivre la cadence imprimée par les premières en restant dans le peloton des poursuivantes puis a accéléré en toute fin de course. « C’était une course de sauvage, je n’ai rien contrôlé mais il faut que j’accepte de perdre le contrôle parfois, c’est parti très vite ! Je sentais que la chaleur rendait mes jambes lourdes. J’ai bien fait de rester en retrait, les trois premières sont en dessous des 9 minutes. J’ai encore fait un faux mouvement à l’arrivée avec ma cheville droite, j’espère que je n’ai rien. Je n’ai pas de regrets sur le scénario de course. J’ai des étapes à passer, et si j’avais déjà eu un top 8, j’aurais fait quoi après ? Je reviendrai avec une meilleure version de moi-même. J’ai offert un beau spectacle à ma famille au premier tour, un spectacle un peu différent en finale, mais ça reste du spectacle ». Déjà impressionnante en séries, la Kazakhe Norah Jeruto a remporté le 3000 m steeple en 8’53″02, nouveau record des Mondiaux, après avoir mené la course presque de bout en bout. Suivent deux Ethiopiennes, Werkuha Getachew (8’54″61, record national) et Mekides Abebe (8’56″08) qui sont également descendues sous les 9 minutes.

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Dixième place pour Mélina Robert-Michon

Le jour de ses 43 ans, Mélina Robert-Michon est allée chercher sa place en finale au forceps, en expédiant son disque à 61,21 m. Une performance qui lui a permis de participer à sa huitième finale en neuf grands championnats, symbole de sa longévité au plus haut niveau. La déception des Jeux de Tokyo effacée (élimination en qualifications), la double médaillée mondiale (l’argent à Moscou en 2013 et le bronze à Londres en 2017) a enregistré un meilleur jet à sa deuxième tentative avec 60,36 m en finale. Malheureusement insuffisant pour intégrer dans les top 8 et avoir droit à trois essais supplémentaires pour la Lyonnaise qui est arrivée dans l’Oregon avec une meilleure performance de la saison à 62,61 m. « J’aurai voulu aller encore plus loin mais top 10 pour l’instant, c’est le niveau que j’ai en ce moment. Si on m’avait dit ce résultat en début de saison, je pense que je l’aurai pris. Je suis une compétitrice donc forcément j’étais venue chercher mieux que ça. Si je suis là, c’est pour remonter sur le podium, ce n’est pas pour faire de la figuration. C’est une saison de reconstruction pour revenir encore meilleure ». Le titre est revenu à la Chinoise Bin Feng avec un jet à 69,12 m, record personnel, qui a devancé la Croate Sandra Perkovic (68,45 m) et la championne olympique américaine Valarie Allman (68,30 m).

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Benjamin Robert, la baraka !

Le demi-fond français se porte plutôt bien depuis le début de ces Championnats du monde. Une embellie qui concerne aussi les spécialistes du double tour de piste Benjamin Robert (série 2) et Gabriel Tual et (série 3) qui prendront tous les deux part aux demi-finales du 800 m demain vendredi à partir de 4h00. Ils ont toutefois connu un scénario bien différent lors de leur baptême aux Championnats du monde. Benjamin Robert nous l’avait parfaitement indiqué lors du traditionnel point presse d’avant course : Il n’y a rien de plus piégeux que les séries du 800 m, où personne n’est à l’abri. Il a failli en faire les frais ce jeudi. Bien placé en quatrième position au rabattage derrière le champion du monde en titre, l’Américain Donavan Brazier (finalement 6e en 1’46″72), le Toulousain de 23 ans s’est ensuite retrouvé coincé au cœur du peloton (passage au 400 m en 52″23). Dans la ligne droite opposée, il choisit de faire l’effort à l’extérieur et entreprend une belle remontée en profitant du dernier virage pour devancer l’Espagnol Mariano Garcia et se mettre derrière l’Australien Peter Bol. Virtuellement qualifié jusqu’aux 100 derniers mètres, le triple champion de France sur la distance a légèrement coincé dans la dernière ligne droite et s’est classé cinquième en 1’45″94 d’une course remportée par l’Australien Peter Bol (1’45″50) dans laquelle seuls les trois premiers étaient qualifiés directement pour les demi-finales.

 

 

Quelques minutes plus tard, il grappille une place suite à la disqualification du Ghanéen Alex Amankwa (pour avoir mordu la ligne du couloir intérieur avant le rabattement) qui l’avait coiffé sur la ligne. Annoncé comme premier éliminé au temps à l’issue des six séries, l’élève de Sébastien Gamel a ensuite appris la disqualification de l’Américain Jonah Koech (série 5) pour un passage en force. « Je n’ai pas eu les armes nécessaires aujourd’hui. Dans les 200 derniers mètres, j’ai eu du mal, je coince un peu, décrypte Benjamin Robert qui disputera bel et bien les demi-finales la nuit prochaine. Un grand ouf de soulagement : « J’ai de la chance. Franchement, je ne mérite pas cette place en demies mais il faut saisir cette chance. C’est la chatte, la chatte, la chatte… Mais ça ne change rien à ma première réaction. Je n’ai pas été bon, pas à la hauteur. Il va falloir travailler dur, très dur. Maintenant je vais attendre la confirmation de la start-list et profiter de ce coup de boost. Désormais, je n’ai rien à perdre. En 2016 à Rio, Clayton Murphy avait connu la même mésaventure et avait décroché la médaille de bronze ». On ne sait si Benjamin Robert a prévu de jouer au loto ces jours-ci mais peut-être devrait-il y songer.

 

Gabriel Tual avec la manière

Dans la série suivante, Gabriel Tual a fait très forte impression. Sixième à l’entame du dernier tour, le pensionnaire de l’US Talence s’est replacé de manière magistrale dans la ligne droite opposée (passage au 400 m en 51″98) avant de résister au retour de ses adversaires, prenant le temps de jeter un petit coup d’œil dans la ligne droite terminale, pour prendre la deuxième place en 1’46″34 derrière le Marocain Moad Zhafi (1’46″15). Le finaliste des JO de Tokyo l’été dernier s’est appuyé une nouvelle fois sur son intelligence de course pour rallier le tour suivant. Seule inconnue en suspens durant un temps, une possible disqualification après la chute du Canadien Brandon McBride. Mais le rôle du Français dans cette déconvenue n’était que trop mince pour qu’il soit sanctionné. « C’était une course d’animaux. Je m’en sors bien. Je n’allais pas le laisser passer. Le job, il est fait », a résumé Gabriel Tual. Comme d’habitude, les séries ont fait de gros dégâts, avec notamment les éliminations des Américains Donavan Brazier (6e de la série 2 en 1’46’72) et Bryce Hoppel (5e de la série 3 en 1’46″98). Pour la première fois de l’histoire des Mondiaux, il n’y aura aucun représentant américain en demi-finales du 800 m. Blessé, le Britannique Max Burgin, meilleur performeur mondial 2022 en 1’43″52, ne s’est pas présenté sur la ligne de départ.

Crédit photo : Solène Decosta

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