Championnats du monde d’athlétisme : Armand Duplantis sacré, Thibaut Collet a déployé ses ailes

26 août 2023 à 23:44

Superstar de l’athlétisme, Armand Duplantis s’est une nouvelle fois baladé pour remporter son deuxième titre aux Championnats du monde mais a échoué à trois reprises à 6,23 m pour un nouveau record du monde du saut à la perche. Auteur d’un concours sans faute jusqu’à 5,90 m, Thibaut Collet a amélioré par deux fois son record personnel et prend une prometteuse cinquième place. La soirée s’est conclue en beauté par un électrique doublé américain sur les relais 4×100 m hommes puis femmes. 

L’ARTICLE VOUS EST PRÉSENTÉ PAR

L’ARTICLE VOUS EST PRÉSENTÉ PAR

Le public hongrois et les supporters suédois venus en nombre n’attendaient qu’un homme ce samedi soir : Armand Duplantis. La grande star de ces Mondiaux a fait soulever la foule dans un concours du saut à la perche devenu le premier où deux athlètes franchissent la barre symbolique des 6 mètres. D’une aisance insolente pour passer ses premières barres, le natif de Layafette, en Louisiane, avait enchaîné six sauts de rang sans fléchir jusqu’à 6,10 m (son 68e saut à plus de 6 mètres ou plus dans sa carrière), une hauteur lui garantissant le titre car son plus proche concurrent, le Philippin Ernest John Obiena n’avait pu le rejoindre si haut dans le ciel de Budapest. Cette fois, on se dit que ça y est, le moment que l’on attend tous depuis deux heures va arriver et que la barre va monter à 6,23 m du sol. Malheureusement, ses trois tentatives à 6,23 m se soldèrent à chaque fois par un échec.

Derrière cette deuxième étoile mondiale après Eugene en 2022 se cache un homme qui tutoie les sommets d’une discipline dont il est le maître incontesté depuis 2020. Même si Armand Duplantis a coincé à 6,23 m, les limites de cet extraterrestre (presque) seul sur sa planète semblent sans fin. Bien accompagné dans ce concours de haute voltige, la médaille d’argent est arrivée dans les bras d’Ernest John Obiena, en bronze l’an passé dans l’Oregon, grâce à une barre à 6,00 m. L’Australien Kurtis Marschall et l’Américain Chris Nilsen se partagent la troisième place sur le podium avec 5,95 m, une barre domptée au premier essai.

« Je suis très heureux de toutes ces médailles d’or consécutives, souligne Armand Duplantis après ce deuxième sacre planétaire. Je ne sais pas où se classe celui-ci, mais je suis heureux de continuer à gagner. C’était peut-être l’atmosphère la plus folle dans laquelle j’ai concouru, donc ça signifiait beaucoup de pouvoir jouer au saut à la perche pour eux. J’avais presque l’impression d’être dans le stade de Stockholm. Il y avait tellement de partisans suédois ici. Ça fait chaud au cœur et ça vous excite. Cela me donne envie de les représenter et de repartir avec l’or. J’étais heureux d’avoir pu le faire. J’ai ressenti un peu de pression en tant que champion en titre, mais je suis heureux de l’avoir surmonté. C’est plutôt agréable d’être à nouveau au sommet. J’essaie de ne pas me fixer de limites et de barrières. Une fois que j’ai commencé à réaliser qu’un record du monde était possible, j’ai essayé de ne pas le voir comme un autre record que je peux atteindre. Mais aujourd’hui, je n’ai jamais vraiment eu l’impression d’être dans un concours où le record du monde pouvait être battu mais c’était très amusant. J’avais déjà dépensé beaucoup d’énergie au moment où j’essayais de franchir 6,23 m. (…) Je serai prêt pour les Jeux olympiques de Paris mais en ce moment je veux vivre dans le moment présent et profiter de ce titre de champion du monde. »

Thibaut Collet s’envole

Trente-deux ans après son papa et coach Philippe (Tokyo en 1991), Thibaut Collet était en lice en finale de Championnats du monde du saut à la perche. Le Grenoblois de 24 ans a eu l’excellente idée de battre son record personnel lors ce rendez-vous planétaire et a rendu un joli « clean sheet ». Après une entame parfaite à 5,55 m, il a récidivé à 5,75 m, avec à chaque fois une marge au-dessus de la barre. Bien réglé, le double champion de France Elite s’est ensuite de nouveau envolé pour culminer à 5,85 m, (minima olympique en poche) puis 5,90 m du premier coup, pulvérisant son record personnel de huit centimètres. À ce stade de la compétition, Thibaut Collet était en tête du concours aux côtés d’Armand Duplantis. Le protégé de Philippe d’Encausse et de Philippe Collet a ensuite connu un premier échec à 5,95 m avant de faire l’impasse et de conserver ses deux tentatives à 6,00 m, sans plus de réussite.

Thibaut Collet se classe cinquième d’un concours de haut vol dont il se souviendra toute sa vie : « Je suis en train de mesurer ce que je viens de faire, c’est fou ! Je suis arrivé en étant au moins 15e mondial, je repars 5e en ayant fait 5,90 m. je passe à pas grand-chose de prendre une médaille. J’y ai cru. Il y a ce petit goût amer de ne pas l’avoir autour du cou, mais quand je vois les mecs qui sont devant moi, la hiérarchie de l’année est respectée. J’ai essayé de mettre un grain de sable dans le concours, montrer que la France était présente. C’est à la fois extraordinaire et un petit peu dur. Mais je pense qu’il y a plus de fierté qu’autre chose ce soir ». Le record de la famille Collet est toujours la propriété du papa Philippe (5,94 m en 1990). Pour la 17e fois en 19 éditions des Mondiaux, il y avait au moins un représentant en finale du saut à la perche. 

Les relais 4×100 m américains trop forts pour tout le monde

Emmenés par un Noah Lyles dont l’appétit ne cesse de grandir, les Américains ont mangé la concurrence dans le relais 4×100 m malgré des passages de témoin très hasardeux. Les fusées américaines (Christian ColemanFred KerleyBrandon Carnes et Lyles à la finition) ont pris la première place en 37″38 devant les champions olympiques italiens (37″62). La Jamaïque est troisième, en 37″76 tandis que le relais français (Méba-Mickael Zézé, Pablo Mateo, Ryan Zézé et Mouhamadou Fall) s’est hissé à la sixième place en 38″06. Une troisième médaille d’or au cou, Noah Lyles repart de Budapest comme l’homme de ces Mondiaux. « Trois médailles d’or, c’est sensationnel. On ne peut pas faire mieux. C’est hors de contrôle. J’adore la « Team USA » parce que tout le monde vient ici en pensant que nous allons gagner. Les courses individuelles sont toutes très sérieuses mais en équipe, c’est plus amusant. En ce moment, je suis le plus heureux du monde. »

Quelques minutes après, les Américaines ont imité les hommes à la perfection, se gratifiant même du meilleur chrono de l’histoire des Mondiaux et troisième meilleure performance de tous les temps en 41″03. Côte à côte avec les Jamaïcaines durant une grande partie de la course, Sha’Carri Richardson a fait une énorme différence sur la dernière ligne droite en résistant parfaitement au retour de Shericka Jackson qui voit la Jamaïque terminer en deuxième position (41″21) devant la Grande Bretagne (41″97).

Un doublé pour l’histoire

Déjà lauréate du 1500 m ce mardi, Faith Kipyegon a fait coup double avec le 5000 m. Pour une première sur la distance dans un championnat du monde, la Kényane a régalé après avoir attendu le bon moment pour partir à la chasse à l’or. Un dernier tour complètement dingue et voilà la reine du demi-fond qui s’envole vers le titre en 14’53″88 devant la Néerlandaise Sifan Hassan (14’54″11) et la Kényane Beatrice Chebet (14’54″33). Un exploit historique et inédit puisque seul l’Américain Bernard Lagat avait réussi jusque-là à glaner le titre mondial sur 1500 et 5000 m dans la même édition (en 2007 à Osaka). « Je voulais marquer l’histoire aujourd’hui en remportant deux médailles d’or dans un championnat. J’ai attendu patiemment de pouvoir battre des records du monde et gagner deux médailles d’or. Mais mon rêve vient de se réaliser, c’est incroyable. Je me suis poussée sans limites et je continuerai à me dépasser à l’avenir. Ma fille me donne une force incroyable, elle me dit toujours que je peux le faire. Je croyais en moi-même et j’ai été très concentrée jusqu’à la ligne d’arrivée même si la course n’a pas été facile. Cette année a été extraordinaire pour moi. »

Le Canada à la fête

Jusqu’à 19h ce samedi, le Canada possédait trois médailles (dont 2 en or) et le contingent de métal a bien évolué à la fin de la session du soir. Tout cela grâce notamment au patron du 800 m, Marco Arop, qui a décroché son premier titre planétaire. En bronze à Eugene l’été dernier, le Soudanais de naissance attaquait à près de 250 m de la ligne, assénant un véritable coup de massue sur la tête de ses poursuivants. Résultat : une victoire en 1’44″02 devant le Kenyan Emmanuel Wanyonyi (1’44″49) et le Britannique Ben Pattison (1’44″83). La récolte de médailles ne s’arrêta pas là. Le clan canadien pouvait aussi compter sur ses décathloniens qui, en l’absence de Kevin Mayer, avaient un bon coup à jouer. Dauphin du français l’an dernier à Eugene, Pierce Lepage aura sa place sur la plus haute marche du podium après un décathlon admirablement terminé avec 8909 points.

La bataille avec son compatriote champion olympique en titre Damian Warner (8804 points) avait duré jusqu’à la dernière épreuve, le 1500 m où Lepage était quasiment sûr d’être sacré à l’issue de la course. La surprise tout droit venue de la Grenade Lindon Victor finit à la troisième place (8756 points, record national) alors que la pépite allemande Leo Neugebauer, très en vue lors de la première journée de vendredi et même leader au moment de débuter les épreuves ce samedi matin, ne prend que la cinquième place du classement général. Avant la dernière journée de ces Championnats du monde, le Canada caracole en deuxième position au tableau des médailles (6 au total) derrière les États-Unis (27 dont 11 en or) mais devant des grandes nations historiques des grands championnats que sont la Jamaïque (11 médailles mais seulement 3 en or) ou encore l’Ethiopie et ses huit breloques (2 en or).

Tous les résultats des Championnats du monde d’athlétisme, en cliquant ici.

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta / STADION

STADION À BUDAPEST !

Votre média Stadion a conçu un espace rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près les Championnats du Monde d’athlétisme (sélection tricolore, retransmission en direct, programme complet, résultats, réactions des Bleus…). Bonne compétition en notre compagnie !

ARTICLES RÉCENTS
Cross d’Allonnes 2024 : Jimmy Gressier en terrain conquis

Cross d’Allonnes 2024 : Jimmy Gressier en terrain conquis

Pour cette 60e édition du Cross d'Allonnes, Jimmy Gressier a pris le meilleur face aux spécialistes des haut plateaux et s'offre un deuxième succès après celui acquis en 2021. Dix ans après le dernier podium d’une Française, Manon Trapp s'est classée troisième et...

NOUVEAUTÉS
NOUVEAUTÉS

NEWSLETTER

Rejoignez nos 30 000 abonnés pour ne rien manquer de l'actualité de l'athlétisme, du running et du trail !