Un an après sa finale olympique à Tokyo, Gabriel Tual a fait forte impression en se classant deuxième de sa demi-finale du 800 m en 1’45″53 aux Championnats du monde. Il confirme qu’il est un prétendant très sérieux au podium à Eugene. Premier non qualifié au temps, Benjamin Robert n’accompagnera pas son camarade lors de la grande explication pour seulement neuf centièmes. Toujours sur le double tour de piste mais chez les féminines, Rénelle Lamote a montré qu’elle était en grande forme en dominant sa série en 2’00″71. Au triple saut, Jean-Marc Pontvianne a obtenu son billet pour la finale avec une marque à 16,95 m.
Comme lors des Jeux olympiques (7e) l’été dernier, Gabriel Tual s’est qualifié pour la finale du 800 m. Si sur la piste tokyoïte, le pensionnaire de l’US Talence s’était invité dans le top 8 en étant repêché au temps, il n’a cette fois pas tremblé un seul instant. Placé en troisième position lors du premier tour (passage en 52″07), le vice-champion de France se décalait dans la ligne droite opposée pour accélérer et déposer littéralement les derniers concurrents. Il a réglé quasiment tout le monde au sprint dans la dernière ligne droite pour prendre le deuxième place directement qualificative pour la finale, derrière l’Algérien Djamel Sedjati (1’45″44 contre 1’45″53). « Il n’y a pas grand-chose à redire de ma course. C’était bien géré tactiquement, j’étais présent mentalement. C’est difficile tout le temps, il y a des pièges partout, il faut être vigilant. C’est hyper ouvert cette année à l’international. Je mets quelques coups d’œil très rapides et je vois que les gars ne sont pas là. Je continue de pousser, il n’y a pas eu d’économie aujourd’hui ».
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Une chose est sûre, l’Aquitain de 24 ans n’a absolument pas l’intention de rester caché au milieu du peloton pendant deux tours où sa pointe de vitesse terminale pourrait bien lui servir en finale. Gabriel Tual veut monter sur la boîte, et ose même parler de titre. Pour continuer à prolonger le plaisir. « Tout le monde vise la gagne, moi le premier, mais dans deux jours ça serait autre chose, il n’y a pas de pronostic. Je vais tout donner, il ne faudra pas avoir de regrets. »
Benjamin Robert s’arrête là
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Dans l’autre demi-finale, Benjamin Robert, repêché in extremis en séries, est longtemps resté au sein du peloton avant de tout donner dans une dernière ligne droite très serrée. Le Toulousain de 23 ans a terminé quatrième de sa course, mais n’est pas parvenu à se qualifier en finale pour neuf centièmes. Il est malheureusement le premier non qualifié au temps. Seuls les deux premiers de chaque série, accompagnés des deux meilleurs temps, se qualifiaient pour la finale du 800 m. « Contrairement en séries, j’ai préféré rester derrière et attendre en étant le plus relâché possible. J’ai attendu que ça s’ouvre pour passer dans la dernière ligne droite mais je n’ai pas eu le jus nécessaire pour aller plus vite. Hier je n’ai pas été bon, aujourd’hui j’ai été correct mais ça ne suffit pas. C’est le très haut niveau, il faut travailler plus dur et plus fort à l’entraînement pour être en finale. J’espère rattraper ses Mondiaux avec une médaille aux Championnats d’Europe de Munich (15 au 21 août) »
Rénelle Lamote en patronne
Double vice-championne d’Europe de la distance (2016 et 2018), Rénelle Lamote n’a eu aucune difficulté pour se qualifier pour les demi-finales du 800 m. Deuxième derrière l’Américaine Ajee Wilson (1’57″23 en 2022), au rabattage, la pensionnaire du Racing Multi Athlon a pris la course à son compte dans le dernier virage après avoir bouclé son premier tour en 59″01. Parfaitement relâchée, la demi-fondeuse de 28 ans a finalement creusé l’écart avec ses adversaires au train dans les deux cents derniers mètres pour l’emporter en 2’00″71. Le tout en se retournant à plusieurs reprises pour jauger ses adversaires. « J’étais très attentive sur ce qui se passait sur la course, affirme l’élève de Bruno Gajer à Montpellier. Il ne fallait sous-estimer personne donc j’étais à l’affût, je suis contente, c’était une course en maîtrise. Le 800 m, peu importe à quelle allure on court, c’est difficile. Au 200 m, je passe l’Américaine Ajee Wilson (1’57″23), à ce championnat, il ne faut pas que je sois timide, je me suis dit « je peux y aller » et j’ai bien fait. Personne n’est imbattable, sur un 800 m, rien n’est jamais écrit à l’avance donc je compte sur mon expérience pour aller le plus loin possible dans cette compétition ».
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Il faudra certainement accélérer demain à partir de 3h35 pour la Française qui étudie en L2 de Psychologie si elle veut espérer se qualifier pour une deuxième finale planétaire, sept ans après son premier top 8 en 2015 à Pékin. Forte de ses quatre podiums en Ligue de Diamant, notamment à Rome où elle a réalisé les minima pour les Mondiaux (1’58″48), « Réré » montre qu’il faudra compter sur elle (lire notre interview). Pas de problème pour les principales favorites : Grâce à leur victoire dans leurs courses respectives, la championne olympique américaine Athing Mu (2’01″30) et la vice-championne olympique britannique Keely Hodgkinson (2’00″88) seront en demi-finales du 800 m demain.
Jean-Marc Pontvianne bondit en finale
Ils étaient trois sur le pont pour tenter de se qualifier en finale du triple saut. Mais seul Jean-Marc Pontvianne a finalement passé le cut. Le Nîmois est retombé à 16,95 m avec une planche quasi parfaite pour réaliser le sixième meilleur bond des qualifications. Passé à côté de son concours en mordant ses trois sauts lors des JO de Tokyo, le protégé de Teddy Tamgho a montré un tout autre visage pour retrouver la finale des Championnats du monde après celle de Londres en 2017. « J’ai eu beaucoup de difficultés dans les précédents championnats. Je suis soulagé, la première étape est faite, maintenant place à la finale. Avec les sérieux concurrents présents, il faudra aller plus loin » La finale est programmée dimanche à 3h00, heure française. Le Portugais Pedro Pablo Pichardo (17,16 m), champion olympique en titre, le Burkinabé Hugues Fabrice Zango (17,15 m) et le Cubain Lazaro Martinez (17,06 m) ont impressionné.
« Ce n’est pas pas évident d’être entraîneur et athlète dans la même compétition »
Situation rarissime dans l’histoire de l’athlétisme, Benjamin Compaoré s’est présenté aux Mondiaux en tant qu’athlète mais aussi coach d’Enzo Hodebar, tous les deux engagés en qualifications du triple saut. Le champion de France Elite Enzo Hodebar a échoué à passer en finale pour seulement cinq centimètres (14e avec 16,64 m). Arborant un ruban noir sur son maillot en hommage à son mentor Jean-Hervé Stievenart, récemment décédé, Benjamin Compaoré n’a réussi à valider qu’un seul essai à 16,03 m. Le champion d’Europe de Zurich en 2014 a pris la 25e place des qualifications. « J’ai du mal à l’expliquer moi-même car j’étais plutôt en forme. Ce n’est pas pas évident d’être entraîneur et athlète dans la même compétition mais on s’était lancé ce pari avec Enzo. D’être qualifiés tous les deux, c’était déjà quelque chose d’exceptionnel. Ça passe en finale à 16,68 m, c’est une performance très abordable ».
Crédit photo : Solène Decosta / STADION