Il est 21 heures, Paris s’éveille… La capitale française, comme toute la planète athlé, n’aura d’yeux que pour ce duel tant attendu entre Sydney McLaughlin-Levrone et Femke Bol, 24 ans toutes les deux. Il devrait avoir lieu le mardi 8 août à 21h25, au Stade de France. Voilà plus de deux ans que les deux mastodontes du 400 m haies ne se sont pas confrontées l’une à l’autre. Mais les Jeux olympiques de Paris 2024 arrivent à point nommé pour juger qui de l’Américaine Sydney McLaughlin-Levrone ou la Néerlandaise Femke Bol est la meilleure sur la distance.

Les deux athlètes, qui dominent actuellement la discipline, se préparent à se mesurer dans la ville lumière, offrant au monde entier une confrontation de haut vol. Pour McLaughlin-Levrone, il s’agit de défendre son titre olympique et de continuer à repousser les limites de ce que l’on croyait possible dans le 400 m haies. Pour Bol, Paris est l’occasion de prouver qu’elle peut battre la meilleure et devenir championne olympique. À quelques jours de leurs retrouvailles espérées aux JO, les deux femmes possèdent désormais des temps de référence monstrueux en 2024.

Absente depuis presque un an sur sa distance de prédilection en raison de quelques pépins physiques, Sydney McLaughlin-Levrone, véritable prodige de l’athlétisme depuis les jeunes catégories (demi-finaliste olympique à Rio en 2016 à seulement 16 ans, McLaughlin est la plus jeune athlète américaine qualifiée pour les JO depuis 1972, ndlr), avait royalement réussi sa rentrée à Atlanta le 1er juin dernier. La hurdleuse de 24 ans a signé un chrono de 52″70, meilleur temps mondial de l’année… jusque-là. Car un mois pile après, « SML » claquait son cinquième record du monde en trois ans, le quatrième dans l’écrin du Hayward Field (Eugene) pour les Trials (sélections olympiques américaines). Un chrono de 50″65 amélioré de trois centièmes sur le précédent. Stratosphérique.

« Quand j’ai vu le chrono, j’étais très surprise, choquée, assurait McLaughlin-Levrone à l’annonce du chrono. Je vous assure, je ne m’y attendais pas ! Je savais que j’étais en mesure de courir en moins de 51 secondes, il fallait bien soigner mes foulées mais je me sentais en forme. Jusqu’où je peux aller ? J’aimerais un jour courir sous les 50 secondes mais je ne sais pas si ce sera pour cette année, l’année prochaine ou encore plus tard. Il y a tellement de manières de courir un 400 m haies. Bob Kersee (son coach) m’a juste dit de ne pas avoir peur de la dernière partie de course, de faire confiance à mon état de forme, de rester concentrée sur mes franchissements. »

50.65! A NEW WORLD RECORD FOR SYDNEY MCLAUGHLIN-LEVRONE 👏 #TrackFieldTrials24 pic.twitter.com/j57bj8qIgY

— NBC Sports (@NBCSports) July 1, 2024

Au Stade de France pour la finale le 8 août prochain, un jour après avoir soufflé ses 25 bougies, elle retrouvera sur sa route la talentueuse Femke Bol, championne du monde du 400 m l’an passé en son absence, et deuxième performeuse de l’histoire sur 400 m haies depuis peu avec un temps hallucinant de 50″95 à La Chaux-de-Fonds (1000 m d’altitude). Pour sa dernière sortie avant de rejoindre la capitale française, la protégée de Laurent Meuwly a signé un splendide 51″30 le 20 juillet au Meeting Diamond League de Londres. Après un hiver flamboyant où elle a abaissé son record du monde du 400 m en salle (49″17), la Néerlandaise avait lancé sa saison sur 400 m haies le 2 juin lors du Meeting Diamond League de Stockholm, en établissant le chrono le plus rapide de sa carrière pour une rentrée avec un temps de 53″07.

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Progression de centième en centième cette année notamment grâce à une base de vitesse plus solide que jamais, la jeune Bol (24 ans) confirme qu’elle aura des arguments valables pour embêter la double championne olympique aux JO. Sydney McLaughlin-Levrone est connue pour sa vitesse explosive et sa technique fluide sur les haies, tandis que Femke Bol impressionne par son endurance et sa capacité à maintenir un rythme soutenu tout au long de la course. Et qui de mieux que Karsten Warholm, recordman du 400 m haies masculin, pour comparer les deux étoiles de la spécialité. « Ce sont des coureuses différentes, analysait le Norvégien. Sydney a une vitesse au sol qui est probablement inégalée. Mais Femke a une très bonne technique, elle a une très bonne endurance et c’est une combattante. »

Deux médailles d’or olympique chez l’une, une seule de bronze chez l’autre… l’armoire à trophées aux JO est plus remplie du côté McLaughlin-Levrone. La padawan de Bob Kersee est également sacrée championne du monde en 2022 à Eugene tandis qu’avec le relais 4×400 m américain, elle remporte la médaille d’or aux Mondiaux 2019 et 2022 ainsi qu’aux Jeux olympiques de Tokyo. Lors des autres grands championnats, Femke Bol à rééquilibré les choses en remportant deux médailles d’argent lors des championnats du monde 2022 à Eugene, et signant un triplé inédit sur 400 m, 400 m haies et 4×400 m lors des Championnats d’Europe 2022 à Munich. En 2023 aux Mondiaux de Budapest, elle réalise le doublé 400 m haies-relais 4×400 m.

Sydney McLaughlin-Levrone, imbattable vraiment ? Beaucoup voient en l’Américaine la favorite, compte tenu de ses performances passées et de sa capacité à battre des records mondiaux. Cependant, Femke Bol a montré une progression constante et une détermination qui ne peut être sous-estimée. Les conditions de course à Paris, la stratégie employée par chaque athlète et même la forte chaleur attendue dans la capitale pourraient jouer un rôle crucial dans le dénouement de cette épreuve. Une chose est certaine : le monde entier aura les yeux rivés sur cette course, attendant de voir si McLaughlin pourra continuer à dominer ou si Bol réussira à créer la surprise.

La princesse Bol peut-elle prendre la place de la reine McLaughlin-Levrone pour ce 400 m haies du siècle ? Les deux femmes ont passé la saison à se répondre à coups de chronos interposés. Si tout se passe bien dans les tours précédents, le 8 août aux alentours de 21h25, Sydney McLaughlin-Levrone et Femke Bol ont rendez-vous avec l’histoire. La championne olympique contre la championne du monde en titre. Leur face à face constitue un moment phare des JO de Paris 2024, que tout le monde attend, à ne manquer sous aucun prétexte…

Invaincue depuis le 4 octobre 2019 et la finale des Mondiaux de Doha en 2019 (battue par Dalilah Muhammad), l’Américaine a, en tout cas, les faveurs de la rédaction de Stadion.

Texte : Dorian Vuillet
Crédits photos : Solène Decosta / STADION