Parti pour mener le train de ses compatriotes français, Florian Caro s’est finalement mué en vainqueur du Marathon de Rennes dans les dix derniers kilomètres du 42,195 km bouclés en 2 h13’59. Grand animateur de l’épreuve bretonne, Guillaume Ruel a terminé deuxième en 2h14’48, pulvérisant lui aussi son record personnel. Chez les dames, succès pour la vice-championne du monde 2022 du 100 km Camille Chaigneau en 2h43’22. Récit d’une course pleine de rebondissements !
Et c’est le lièvre Florian Caro, arborant sa casquette à l’envers et ses manchons blancs, qui a déployé ses bras, seul dans les derniers mètres avec le public pour célébrer son triomphe sur l’Esplanade Charles de Gaulle. Les spectateurs sur le circuit, comme devant leur téléviseurs en sont restés abasourdis. En remportant dimanche la douzième édition du Marathon Vert Rennes School of Business, le sociétaire du Stade Brestois Athlétisme a joué un bien mauvais tour à ceux qu’il était en principe chargé de « tirer ». Et qui sont restés derrière. Au lieu de s’arrêter au 25e km, Florian Caro s’est invité sur la plus haute marche avec un temps de 2h13’59, tout près du record de Bretagne (2h13’43 par Nouredine Sobhi en 1994), notamment grâce à une accélération franche à dix kilomètres du terme.
« Je devais juste faire une séance et m’arrêter au 25e km »
« J’avais de bonnes sensations, autant en profiter !, explique Florian Caro (30 ans) qui détenait un record personnel de 2h16’32, établi ici-même en 2022. Quand je suis passé une deuxième fois au centre-ville j’ai eu beaucoup d’encouragements et ça m’a donné un coup d’adrénaline. Je ne m’attendais pas à ça, normalement je devais juste faire une séance et m’arrêter au 25e km parce que je liévrais pour Guillaume Ruel (2e) et Gaëtan Cals (3e). », À noter qu’en 2021, l’élève coaché par André Penarguear a été sacré vice-champion de France du marathon à Rennes (2h19’49), mais sur l’ancien tracé qui faisait la part belle à la campagne rennaise, pour se terminer dans le centre historique de la capitale bretonne. Désormais, on retrouvera Florian Caro au Marathon de Valence le 3 décembre.
Duncan Perrillat reviendra plus fort
Il ne fallait pas rater son départ, dimanche sur le Mail François Mitterrand pour suivre le rythme imposé par les meneurs d’allure Etienne Dagunios et Donovan Christien, lesquels ont brillé hier sur 10 km (voir plus bas), qui ont placé Duncan Perillat sur orbite (3’05 par km). Dès les premières minutes de course, on se dit que les années se suivent et le scénario va se répéter, et que le champion de France 2022 sur les 42,195 km va inscrire son nom pour la troisième fois de suite au palmarès du Marathon Vert Rennes School of Business. Rapidement, le représentant de Neuilly-Plaisance Sports creuse l’écart avec ses premiers poursuivants mais les premiers signes de souffrance apparaissent. Sous l’impulsion notamment de Guillaume Ruel, la jonction est opérée au 9e km. Quatre kilomètres plus loin, coup de théâtre, Duncan Perrillat, lauréat des deux éditions précédentes (2h14’49 en 2021 et 2h12’37 en 2022), qui connaît des problèmes musculaires depuis une dizaine de jours, décide de mettre le clignotant et devra donc attendre encore un an pour broder une troisième étoile sur son maillot.
« Je me suis demandé quelle espèce d’animal c’est »
C’était au tour de Guillaume Ruel (25 ans) d’assurer le spectacle en compagnie de ses fidèles serviteurs, Donovan Christien et Etienne Daguinos, qui se sont respectivement retirés au 15e km et au semi-marathon (passage en 1h05’40, sur les bas de 2h11’20). « J’ai pris des risques en rattrapant Duncan, peut-être un peu trop comme d’habitude mais je rêve toujours de faire un chrono monstrueux sur marathon et aujourd’hui c’était l’occasion. On est passé en 1h05’40 au semi et dans ma tête, c’est sur ces bases que j’avais envie de passer à mi-parcours. Quand j’ai entendu que le groupe de Florian Caro était à 10/15 secondes derrière moi, je me suis dit qu’il fallait lever le pied et les attendre. Je me suis mis derrière Florian et vers le 32e km il est parti tout seul et à ce moment-là, je me suis demandé quelle espèce d’animal c’est parce que là ce n’est pas un lièvre ! », s’amuse le pensionnaire du Stade Saint Lois Athlétisme.
Beau joueur, le pharmacien de formation, qui abaisse son record personnel de plus d’une minute en 2h14’48 (ancien : 2h15’59 à Séville le 19 février 2023), salue la prestation de Florian Caro : « Je suis content pour lui, il ne s’est pas mis la pression c’est souvent quand on s’y attend le moins, que l’on arrive à faire des grandes choses ». Cinquième des Mondiaux 2022 sur 100 km et recordman de France en 6h19’51, Guillaume Ruel va enchaîner quatre marathons durant l’automne : Rouen (1er en 2h23’25 le 24 septembre), Jersey (3e en 2h21’00 le 1er octobre), Rennes (2e en 2h14’48 ce dimanche) et La Rochelle (26 novembre). Son objectif à moyen terme est clair : battre le record du monde des 100 km, propriété du Lituanien Aleksandr Sorokin en 6h05’35 depuis le 14 mai 2023. La troisième place revient au fondeur du Stade Bordelais Athlétisme Gaëtan Cals (record en 2h14’24), en 2h16’19.
Camille Chaigneau, la centbornarde vous salue bien
Chez ces dames, le scénario a été bien différent avec le cavalier seul de la favorite Camille Chaigneau. La vice-championne du monde du 100 km en 2022, qui possède un record personnel en 2h37’33 à Paris en 2023, a franchi la ligne d’arrivée en 2h43’22. « Le parcours était vraiment très sympa avec du public tout au long de la course pour encourager. J’étais venu sans trop d’ambitions puisque j’ai été faire une grosse course au mois de juin en Afrique du Sud (un ultra-marathon de 89 km à Durban). J’ai eu beaucoup de mal à reprendre l’entraînement et ça fait réellement quatre semaines que j’ai repris sérieusement. Le but, c’était de prendre des repères sur cette distance mais mes objectifs sont plus sur le 100 km en 2024 ». Fanny Malagré (2h47’25, Stade Rennais Athlétisme) et Anne Moulin (2h49’29, Athlétisme Lozère) complètent le podium féminin.
Etienne Daguinos en patron sur 10 km
Hier soir, la course nocturne de 10 km a été remportée par l’international tricolore Etienne Daguinos qui a signé un nouveau record personnel en 28’14 (neuvième temps français de l’histoire), abaissant son ancien chrono de référence de dix-sept secondes (28’31 en 2022). « J’avais de bonnes jambes dès le départ mais vite se retrouver seul, c’est toujours un peu dur. Je venais pour courir 28 minutes mais 28’14, c’est un record donc je prends. Il y avait une ambiance de dingue, franchement, la Bretagne, c’est incroyable », savoure le pensionnaire de l’US Talence qui s’est imposé avec une quarantaine de secondes sur le Kényan de l’AC Miramas Joseph Koech (28’53) et son camarade en équipe de France Donovan Christien (29’16), champion d’Europe par équipes de cross-country en 2022 à Dublin.
Dans le classement féminin, la palme est revenue à la Marocaine de l’Athlétic Vallée d’Avre Fatiha Asmid en 33’01 devant les Françaises Marie Bouchard (33’12), Anaïs Quemener (33’14) et Mélody Julien (33’24) qui se sont aussi mises en évidence. « Ce sont de chouettes courses dont on se souvient plus que des courses à records. D’habitude, je suis presque au lit à 21h ! », plaisante Marie Bouchard, interne en médecine à Brest. Les records de l’épreuve détenus depuis 2022 par Mathieu Brulet en 29’43, chez les hommes, et Marjolaine Nicolas en 33’56, chez les femmes, sont partis en fumée.
Une vraie déferlante de coureurs a envahi les rues du centre-ville de la capitale de la Bretagne avec près de 2000 participants qui étaient prêts à se faire plaisir ou à exploser les chronos sur ce 10 km roulant. Comme attendu, l’épreuve a offert pléthore de résultats de haut vol avec 7 coureurs en dessous des 30 minutes dont 2 sous les 29. Pour terminer dans le top 100, il fallait courir en 34’24. Soit près de 17,5 km/h.
Record de participation avec 11 500 coureurs
Les records sont faits pour être battus, paraît-il. Celui de la participation de toutes distances confondues (marathon, relais, duo, 10 km, Féminine et Marche Familiale) a été pulvérisé avec 11 500 coureurs (contre 9000 en 2022) sur le macadam qui sera l’un des grands souvenirs de cette douzième édition du Marathon Vert Rennes School of Business. Un succès, tout simplement ! On ne le répètera jamais assez sur notre site, la course à pied est l’un des rares sports à mettre tout le monde sur un pied d’égalité, des débutants prêts à aller jusqu’au bout d’eux-mêmes mêlés à de nombreux coureurs professionnels. Les organisateurs bretons n’ont pas l’intention de ralentir la cadence en proposant aux runners de participer à une épreuve intournable dans le milieu de la course à pied.
Tous les résultats du Marathon Vert Rennes School of Business, en cliquant ici.
Crédits photos : Clotilde Briand / STADION