Marathon de Séville 2024 : Morhad Amdouni, Méline Rollin et les Français face à leur destin olympique

15 février 2024 à 8:47

Une semaine après l’annonce du décès de Kelvin Kiptum c’est bien davantage qu’un événement sportif et populaire qui va se disputer au Marathon de Séville ce dimanche 18 février 2024. Les enjeux sont importants pour les Français en lice dont Morhad Amdouni et Méline Rollin qui souhaitent décrocher le troisième et dernier ticket des Tricolores mis en jeu pour continuer de rêver des JO de Paris 2024. Ils ne seront pas les seuls à viser cette place puisque Abderrazak Charik, Yohan Durand, Duncan Perrillat, Margaux Sieracki, Anaïs Quemener et Emilie Jacquot-Claude débarquent dans la capitale de l’Andalousie avec l’idée en tête de réaliser un gros coup.

C’est un rendez-vous particulier. Doublement. Il y a d’abord la compétition, une course à l’enjeu sportif important où les tickets pour les JO de Paris 2024 sont à la clé. Mais surtout un événement qui se disputera dans un contexte particulier. Il est en effet impossible de faire abstraction du décès dramatique de Kelvin Kiptum dans un accident de voiture survenu dimanche dernier. Une nouvelle tragique qui a bouleversé le monde de la course à pied. C’est dans ce contexte que la 39e édition du Marathon de Séville va se disputer.

Le plateau est de qualité, notamment en raison de la présence d’athlètes qui ont besoin d’aller vite pour leurs qualifications olympiques. Côté Tricolore, il ne reste en effet plus qu’une place à pourvoir dans la capitale : Mehdi Frère (2h05’43 à Valence), Nicolas Navarro (2h05’53), chez les hommes, ainsi que Mekdes Woldu (2h24’44) et Mélody Julien (2h25’01), chez les femmes, sont prioritaires pour la sélection française depuis le 30 janvier dernier.

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Réaliser les minima ne suffit plus

Au Marathon de Séville, un des enjeux majeurs réside dans la course à la troisième place pour le rendez-vous suprême du sport français au mois d’août prochain. Néanmoins, la seule réalisation des minima (2h08’10 pour les hommes et 2h26’50 pour les femmes) ne suffit plus pour envisager d’être au départ des JO de Paris 2024. Inimaginable il y a encore un an, preuve de la forte densité des spécialistes français. À l’heure où nous écrivons ces lignes, c’est Félix Bour (2h06’46) et Manon Trapp (2h25’48), grâce à leur chrono réalisé le 3 décembre 2023 à Valence, qui obtiendraient la troisième place qualificative. 

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Le troisième billet en vue pour Morhad Amdouni et Méline Rollin

Pour l’un comme pour l’autre, tout se joue dimanche matin. Morhad Amdouni devra boucler l’affaire sous les 2h06’46 pour s’offrir la possibilité de revenir dans le monde olympique, moins de trois ans après sa quatorzième place à Tokyo en 2h14’33. « L’objectif, c’est de faire mieux les 2h06’46 de Félix Bour, nous explique Jean-Claude Vollmer, le coach de Morhad Amdouni. L’inconvénient c’est qu’à Séville, il n’y a pas des pelotons groupés comme à Valence. À Valence, les conditions étaient parfaites et il suffisait de suivre. Morhad a effectué deux stages au Kenya avec des contenus intéressants. Il est en bien meilleure forme que Valence (2h06’55, le 3 décembre 2023) où il était un peu malade, et même que lors de son record de France à Paris (2h05’22) en 2022. Tous les feux sont au vert ». Morhad Amdouni est un dur au mal et il compte bien le montrer sur l’asphalte sévillan.

Même configuration pour Méline Rollin qui se retrouve en position de « chasseur » et qui va tenter de couper la ligne d’arrivée plus vite que les 2h25’48 de Manon Trapp, qui bénéficie actuellement du troisième ticket français sur marathon. Après deux premières apparitions remarquées (2h30’27 à Valence le 4 décembre 2022 puis 2h26’55 à Amsterdam le 15 octobre 2023, à seulement cinq secondes des minima pour Paris 2024), la fondeuse du Grac Athlétisme, rentrée d’un stage de préparation d’un mois à Monte Gordo (Portugal), assure être encore dans une belle forme.

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Jusqu’au 30 avril 2024

Si le Marathon de Séville pourrait permettre d’y voir un peu plus clair sur le et la troisième Français qui porteront les couleurs de l’équipe de France aux JO de Paris, dans cette bataille qui fait rage, faire mieux que les temps de Félix Bour et de Manon Trapp à Séville n’assurera pas forcément une place chez les Bleus. En effet, plusieurs marathoniens français vont eux aussi jouer leur va-tout jusqu’à la fin de la période de réalisation des minima qui se fermera le 30 avril 2024 (il y a le marathon de Paris le 7 avril, le marathon de Rotterdam le 13 avril, le marathon de Londres le 21 avril ou encore celui d’Hambourg le 28 avril).

« Même si je fais tout juste un peu moins que Manon, je pense que ça pourrait ne pas être suffisant, confie Méline Rollin dans une interview publiée dans nos colonnes. Les filles vont recourir. Déjà, il y a Margaux (Sieracki) qui court en même temps que moi, donc si elle est devant moi, ce n’est pas bon pour moi. D’autres filles vont recourir en avril. C’est possible qu’elles fassent mieux. Je vais tenter de faire un peu mieux pour essayer de prendre moins de risques sur le fait de me faire dépasser. Si je fais 2h25’40, je vais vraiment attendre avril avec un peu de stress. »

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Charik, Perrillat et Durand jouent gros

Mais Morhad Amdouni et Méline Rollin ne se battront pas seulement contre le chrono. Il s’agira aussi de devancer tous ceux qui caressent le même objectif, et ils seront nombreux sur la ligne de départ dimanche. Parmi eux, on retrouve Abderrazak Charik qui n’est pas passé loin de réaliser les minima pour Paris 2024 le 15 octobre dernier à Amsterdam en 2h08’35 (neuvième au scratch), abaissant de près de deux minutes (2h10’33 à Séville en 2023) sa marque de référence.

Nous aurons évidemment un œil attentif aux chronos de Yohan Durand, premier Français du Marathon de Paris 2021 en 2h09’21, qui a négocié le semi-marathon de Séville en 1h04’14 le 28 janvier, mais aussi de Duncan Perrillatchampion de France du marathon 2022 à Deauville, qui a établi son record personnel en 2h12’12 dans la ville espagnole en 2022. Toujours côté Tricolores, Valentin Witz a couvert la distance en 2h10’04 à Valence en 2022 et est en mesure de briser en mille morceaux son record personnel. 

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Sieracki, Quemener et Jacquot-Claude doivent se prendre aux Jeux

Fort d’un chrono de référence sur semi de 1h11’01 réalisé à Paris en 2022, Margaux Sieracki effectuera sa première sortie sur la distance en compétition et rentre aussi dans l’une des dernières courses pour se qualifier pour les JO. En constante progression, Anaïs Quemener avait réalisé une superbe prestation en coupant la ligne d’arrivée en 2h29’01 à Berlin le 24 septembre 2023. L’aide-soignante à l’hôpital Jean Verdier à Bondy, première Française au Marathon de Paris en 2023, avait effectué une course intelligente, en gérant parfaitement son effort (1h13’33 au semi, sur les bases de 2h27’06, près des minima pour Paris 2024) malgré le fameux mur du 30e km. Une prestation qui lui a donné des idées, de l’envie et de l’appétit.

Après avoir abaissé par trois fois son record personnel en 2023 (2h34’57 à Séville, 2h32’43 à Berlin et 2h31’54 à Valence), Emilie Jacquot-Claude tient ici une belle opportunité pour améliorer une nouvelle fois sa marque de référence. L’athlète de Sarreguemines a réalisé un test prometteur en étant créditée en 1h14’25 au semi-marathon de Séville le 28 janvier. À noter que Marie Bouchard (2h41’35 à Berlin en 2023) a préféré déclarer forfait en raison d’une douleur au tendon d’Achille et d’un virus.

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Hiyrden-Birhanu, un duel qui fait saliver

45 coureurs engagés affichent des records personnels à moins de 2h10, dont 9 sous les 2h06. Parmi eux, le vainqueur de l’édition 2022 contre celui de 2023, les Éthiopiens Asrar Hiyrden (2h04’43, record du Marathon de Séville) et Gadisa Birhanu (2h04’59) : Voilà le duel proposé par les organisateurs. Chez les dames, la Namibienne Helalia Johannes, troisième du marathon de Valence 2020 en 2h19’52, est la seule à avoir couru sous les 2h20.

Il n’y a plus qu’à…

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Le parcours du Marathon de Séville 2024 en vidéo

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Le Marathon de Séville propose un beau parcours, l’un des plus plus plats d’Europe. En effet, le tracé traverse les lieux les plus emblématiques de la ville, tels que la Plaza de Espana, la Torre del Oro, La Giralda, le parc Maria Luisa et La Maestranza. Le Marathon de Séville est idéal pour claquer un bon record grâce à son parcours roulant, situé au niveau de la mer et protégé du vent. En outre, le climat est idéal à Séville en février pour un marathon.

Crédit photo : Antoine Decottignies / STADION

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