Kevin Mayer, Quentin Bigot, Renaud Lavillenie, Wilfried Happio, Benjamin Robert, Gabriel Tual, Jimmy Gressier ou encore Rénelle Lamote. L’équipe de France d’athlétisme entame les Championnats d’Europe de Munich, qui s’ouvrent ce lundi 15 août avec de très fortes ambitions. Tour d’horizon des chances tricolores de médaille !
En athlétisme, les Championnats d’Europe, c’est presque plus intéressant que les championnats du monde. Pourquoi ? Parce que ni les Jamaïquains, ni les Américains, ni les Africains de l’Est ne sont là pour vampiriser toutes les médailles dans certaines disciplines. Alors nos Français brillent souvent dans la compétition. Et ce sera sûrement encore le cas à partir de lundi en Bavière. En 2010, la France revenait avec 18 médailles dans ses valises lors des championnats d’Europe à Barcelone. Pour le plus grand plaisir des téléspectateurs français, l’athlétisme tricolore prenait alors la deuxième place des nations du Vieux continent. En 2014, à Zurich, c’est un feu d’artifices. La délégation française ramène 23 médailles, dont neuf en or, ce qui représente à ce jour le record historique pour un championnat d’Europe.
Il y a six ans à Amsterdam, les « Europe » avaient précédé les JO de Rio et les principales têtes d’affiche tricolores s’étaient logiquement préservées pour le rendez-vous de Rio mais les Bleus étaient montés sur 10 podiums et avaient glané deux titres. Malgré la dynamique aux Jeux olympiques en 2016 (6 médailles) et aux Mondiaux de Londres en 2017 (5 médailles), qui avaient replacé le pays sur l’échiquier de l’athlétisme international, la France était repartie des Europe de Berlin en 2018 avec dix médailles dont trois en or, un bilan en demi-teinte, loin des 15 podiums espérés. Cette année, les Championnats d’Europe se déroulent du 15 au 21 août à Munich. Une délégation record de 99 athlètes sera du voyage. Que pouvons-nous attendre de cette équipe de France, à moins de deux ans des JO de Paris ?
Kevin Mayer compte bien prolonger le bel été
Il faut l’avouer, sur le papier, la France possède assez d’atouts pour faire mieux qu’à Berlin en 2018. Une énorme certitude : Kevin Mayer ira en Allemagne pour s’adjuger un premier titre européen au décathlon. Les deux premiers jours de compétition, on s’attend à vibrer devant les dix travaux du recordman du monde. Trois semaines après avoir remporté son deuxième titre planétaire à Eugene (8816 points), le combinard de 30 ans espère décrocher une deuxième médaille d’or. Sans adversaire à sa taille sur la scène continentale, Kevin Mayer possède en effet une belle marge de près de 400 points d’avance sur ses premiers poursuivants dans les bilans et partira avec la pancarte de grand favori dans la capitale de la Bavière. Le natif d’Argenteuil sera sans doute revanchard, lui qui a été privé du titre européen du décathlon qui lui semblait promis en 2018 à Berlin après trois essais mordus à la longueur.
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Un statut à tenir pour Wilfried Happio, Benjamin Robert et Sasha Zhoya
Kevin Mayer n’est le seul Bleu à se présenter aux Championnats d’Europe de Munich avec l’étiquette de numéro 1 : trois autres athlètes français caracolent en haut de la liste des engagés. Vous l’avez peut-être découvert dans l’Oregon mais il est l’avenir et même le présent de l’équipe de France d’athlétisme. Révélé depuis quelques saisons, Wilfried Happio, champion d’Europe juniors (2017) et espoirs (2019), est entré dans une nouvelle dimension sur 400 m haies. Dans tout simplement le deuxième 400 m haies le plus rapide de l’histoire, il s’est classé quatrième de la finale des Championnats du monde en 47″41, à seulement deux centièmes de la médaille de bronze. Le hurlder de 23 ans s’est aussi approché à quatre centièmes du record de France de Stéphane Diagana. Le protégé d’Olivier Vallaeys à l’Insep domine les bilans continentaux devant… un certain Karsten Warholm, le recordman du monde de la discipline (45″94 en 2021), qui s’est effondré dans la dernière ligne droite après un départ canon pour prendre finalement la septième place de la finale (48″42).
En tête du bilan européen sur 800 m en 1’43″75, Benjamin Robert tient une occasion en or de décrocher sa première médaille en grand championnat. Le Toulousain de 24 ans le sait lui-même, il doit désormais hausser son niveau lors des grands championnats. Les Europe sont plus abordables que les Mondiaux et la triple champion de France Elite a montré qu’il possédait une belle pointe de vitesse. Meilleur performeur européen sur 110 m haies en 13″17, à égalité avec l’Espagnol Asier Martinez, Sasha Zhoya fait partie des prétendants au titre. Pour la pépite clermontoise, crédité en 12″72 chez les juniors, les rêves les plus fous sont possibles. Son potentiel est énorme. Et si c’était lui la belle « surprise » des Bleus ?
Ils voient grand
Quentin Bigot entend bien également tâter du podium, dans une discipline où les championnats d’Europe sont presque des Mondiaux, avec le Polonais Pawel Fadjek en épouvantail. Auteur du meilleur concours de sa carrière, l’élève de Pierre-Jean Vazel a terminé au pied du podium de la finale du marteau d’une densité exceptionnelle avec un jet à 80,24 m à Eugene. Toujours au top lors des rendez-vous importants, le lanceur d’Athlétisme Metz Métropole peut prétendre à un podium, voire bien mieux. Sacré en 2010, 2012 et 2014, Renaud Lavillenie sait répondre présent lors des grands rendez-vous. Son immense expérience et sa capacité à arriver en forme le jour J en font de lui un vrai outsider, derrière l’épouvantail, le Suédois Armand Duplantis (6,21 m).
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L’été a aussi accouché de belles promesses, que Gabriel Tual incarne à merveille. Celui qui s’est classé septième des JO de Tokyo en 2021 puis sixième des Mondiaux de Eugene ne vise pas autre chose que le titre. Il côtoiera notamment le champion du monde du 1500 m, le Britannique Jake Wightman qui descend sur le double tour de piste. Autre talent incontournable, Jimmy Gressier, qui visera à Munich son premier titre continental chez les grands après avoir tout raflé dans les jeunes catégories. Reste que le Boulonnais devra se méfier de l’Italien Yemaneberhan Crippa, leader européen en 27’16″18, toujours redoutable en grand championnat.
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Devenu le 3 juillet dernier le quatrième Français à courir en moins de 10 secondes sur 100 m (9″99) et le deuxième en moins de 20 secondes sur 200 m (19″97), Méba-Mickaël Zézé aura un vrai coup à jouer sur les deux distances en Allemagne. Toujours au rendez-vous avec le 4×100 m, il peut viser, avec ses camarades, un titre sur les quatre lignes droites. Derrière les deux Britanniques Keely Hodgkinson et Jemma Reekie, Rénelle Lamote, déjà double vice-championne d’Europe en 2016 et en 2018, aura à cœur de monter d’un cran sur la boîte, et abordera la compétition course par course. Avec une belle surprise au bout ?
Ils ont une belle carte à jouer
Sur 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde aura fort à faire pour conserver son titre de championne d’Europe, décroché de belle manière en 2018 à Berlin. Cinquième du bilan continental avec ses 13″26 réalisés au Meeting de Monaco le mercredi 10 août, le représentant de l’ES Montgeron a connu une préparation tronquée en raison d’une déchirure au mollet contractée lors d’un stage aux Etats-Unis fin avril. Fort de ses onze médailles en grands championnats (3 sur 110 m haies et 8 sur 60 m haies), une performance aussi rare qu’éblouissante, l’élève de Benjamin Crouzet à Reims a déjà montré sa capacité à se sublimer dans les grands rendez-vous. On espère revivre la magnifique scène de joie et d’émotion lorsque son nom s’était affiché en premier sur le panneau électronique à Berlin… Ses camarades Just-Kwaou Mathey et Aurel Manga sont également capables de s’inviter dans le top 8.
Sur le marathon, Nicolas Navarro (2h08’30) et Benjamin Choquert (2h09’29), respectivement quatrième et septième performeur des engagés, représentent deux vraies chances de médailles. Chez les féminines, Mélody Julien (2h31’39) n‘a jamais caché son ambition de monter sur le podium à Munich. Au rayon des prétendants tricolores qui ont aussi une médaille dans le viseur, comment de pas mentionner Margot Chevrier (3e du bilan de la perche avec 4,70 m), Jules Pommery (3e du bilan de la longueur avec 8,17 m), Aurélien Quinion (4e du bilan du 35 km marche en 2h28’46), Jean-Marc Pontvianne (4e du bilan du triple saut avec 17,08 m), Benjamin Compaoré (5e du bilan du triple saut avec 17,06 m) et Mehdi Belhadj (5e du bilan sur 3000 m steeple en 8’16″35). Vice-championne d’Europe en titre, Alexandra Tavernier, qui a décidé de faire l’impasse sur Eugene, a évidemment le potentiel pour se hisser dans le top 3. Un beau challenge à relever pour la Savoyarde de 28 ans qui n’a plus lancé en compétition depuis les France Elite à Caen le 14 juin dernier.
20 ans après, Mélina Robert-Michon de retour à Munich
Après avoir disputé ses neuvièmes Championnats du monde depuis Edmonton en 2001, Mélina Robert-Michon, laquelle était déjà présente dans l’aire de lancer en 2002 à l’Europe de Munich, fera une septième apparition (1998, 2002, 2006, 2012, 2014, 2016 et 2022) aux Championnats d’Europe. Vice-championne d’Europe à Zurich en 2014, la discobole lyonnaise de 43 ans (64 sélections en A) rêve d’une première victoire en grand championnat. Pour cela, elle devra dominer notamment la redoutable Croate Sandra Perkovic. À noter que trois autres athlètes figurant sur la liste des engagés ont participé à l’édition 2002 des Championnats d’Europe d’athlétisme à Munich : la lanceuse de javelot tchèque Barbora Spotakova, détentrice du record du monde (72,28 m en 2008) et les marcheurs portugais Joao Vieira et Ines Henriques.
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Victime d’une entorse de la cheville droite à l’arrivée de la finale du 3000 m steeple à Eugene, et insuffisamment remise de cette blessure contractée le 20 juillet, Alice Finot (2e au bilan sur 3000 m steeple) a décidé de renoncer au rendez-vous continental.
Stadion a conçu un guide complet rien que pour vous, qui vous permettra de suivre au plus près le rendez-vous continental (sélection tricolore, programme TV en direct, programme des épreuves, résultats et nos plus beaux clichés des Bleus). Bonne compétition en notre compagnie !
Crédits photos : Solène Decosta / STADION