Les Championnats du monde 2023 débutent ce samedi 19 août à Budapest (Hongrie), un rendez-vous que les fans d’athlétisme, que nous sommes, que vous êtes, attendons avec impatience. Dans un contexte ultra concurrentiel, on mise beaucoup sur nos tauliers Kevin Mayer et Mélina Robert-Michon. On fait aussi confiance à nos jeunes talents, à commencer par Sasha Zhoya. Revue d’effectif des espoirs de médailles tricolores.
Cela ne vous a sûrement pas échappé : Les Championnats du monde d’athlétisme de Budapest, événement le plus attendu de l’année 2023 par les amoureux du premier sport olympique, commencent ce samedi. Mais alors, quelles sont les chances de la délégation tricolore dans la capitale hongroise ?
Kevin Mayer en quête d’une troisième étoile
La star des Bleus, c’est le recordman du monde du décathlon (9126 points). Kevin Mayer, qui n’a disputé aucun décathlon complet cette année, semble dans une bonne forme. Le double vice-champion olympique s’est concentré sur quelques épreuves cet été. La plus grande chance de breloque dorée reposera sans conteste sur le sociétaire du Montpellier Athlétic Méditerranée Métropole qui part favori pour grimper sur la plus haute marche du podium. Le combinard de 31 ans a déjà connu deux fois les joies d’un podium mondial en plein air : l’or en 2017 à Londres (8768 points) et à nouveau l’or en 2022 à Eugene (8816 points). La tête de gondole de la délégation française briguera les 25 et 26 août prochains une troisième couronne planétaire.
S’il est à son meilleur niveau, comme souvent sous le maillot bleu, ses principaux rivaux auront peu de chance de vaincre. Néanmoins, la concurrence s’annonce forte à l’image de l’Allemand Leo Neugebauer (huitième meilleur performeur de l’histoire), champion NCAA avec 8836 points, ainsi que les Canadiens Pierce Lepage (8700 points en 2023) et Damian Warner (8619 points en 2023), champion olympique à Tokyo et de retour à la compétition après dix mois de rééducation après une blessure aux ischio-jambiers survenue l’an dernier à Eugene.
Attention, talents !
Si Kevin Mayer attire les projecteurs sur lui ces dernières années, l’athlétisme français regorge aussi de talents. Sasha Zhoya, Wilhem Belocian et Just Kwaou-Mathey en sont la plus belle illustration. Voici une génération d’hurdlers français qui est amenée à éveiller les amoureux d’athlétisme. Zhoya, un diamant qui ne demande qu’à être poli, et que seul un vent trop fort a privé de deux gros chronos en séries et finale des France Elite à Albi (13″01 à deux reprises).
La bonne surprise pourrait aussi venir de Belocian (13″07) et de Kwaou-Mathey (13″09), respectivement sixième et septième au bilan mondial. On peut espérer les voir tous les trois pour la grande explication en finale. Des espoirs de médailles ne sont pas à exclure. Le Jamaïcain Rasheed Broadbell, vainqueur des sélections jamaïcaines en 12″94 ainsi que les Américains Cordell Tinch (12″96), Grant Holloway (12″98) et Daniel Roberts (13″01) seront des adversaires redoutables.
Avec douze hurdleuses sous les 12″60, parmi lesquelles les Américaines Nia Ali (12″30) et Kendra Harrison (12″31), ainsi que la championne olympique portoricaine Jasmine Camacho-Quinn (12″31), il faudra à coup sûr s’approprier le record de France (co-détenu par Monique Éwanjé-Épée et Cindy Billaud en 12″56) pour s’ouvrir les portes de la finale. Un défi de taille pour Cyréna Samba-Mayela et Laeticia Bapté qui arrivent à Budapest avec une bonne dose de confiance grâce à leur chrono de référence porté respectivement à 12″68 et à 12″69 sur 100 m haies.
Ludvy Vaillant et Wilfried Happio peuvent croire en leurs chances
Valeurs sûres du 400 m haies sur le plan mondial, Ludvy Vaillant et Wilfried Happio ont le potentiel pour se mêler à la bataille pour les premières places. Le Martiniquais d’AC Saléen a marqué les esprits au Meeting de Monaco le 21 juillet dernier en devenant le troisième Tricolore à descendre sous la barrière des 48 secondes, dans le temps en 47″85. De son côté, le représentant du Lille Métropole Athlétisme a été crédité en 48″13 cet été et a devancé son compatriote lors des Championnats de France Elite à Albi. Quatrième des Mondiaux d’athlétisme à Eugene, à seulement deux centièmes de la médaille de bronze, le protégé d’Olivier Vallaeys veut faire bien mieux en Hongrie.
Devant eux, un trio vole sur une autre planète. À eux trois, ils détiennent les huit meilleures performances de l’histoire sur 400 m haies. Le Norvégien Karsten Warholm (46″51), l’Américain Rai Benjamin (46″62) et le Brésilien Alison dos Santos (47″66), qui ont terminé dans cet ordre dans la finale olympique stratosphérique de Tokyo en offrant l’une des plus belles courses, si ce n’est la plus belle, de l’histoire des Jeux olympiques.
Mélina Robert-Michon, la longévité récompensée ?
Chez les Tricolores, on mise bien évidemment sur Mélina Robert-Michon. La taulière de l’équipe de France s’apprête à participer à sa dixième campagne planétaire. Un modèle de longévité au plus haut niveau. En projetant son disque à 65,49 m (5e meilleur jet de sa carrière) à Montreuil le 31 mai dernier, la Lyonnaise n’avait pas fait retomber son disque aussi loin depuis six ans (66,21 m) et a prouvé qu’elle n’avait toujours pas envie de quitter les sommets. À 44 ans, « MRM » est une jeune femme qui pète la forme et l’âge n’a pas de prise sur ses performances. Vice-championne du monde à Moscou en 2013 et médaillée de bronze à Londres en 2017, Mélina Robert-Michon, qui a retrouvé les sensations après lesquelles elle courait en compétition depuis plusieurs mois, arrive à Budapest en position d’outsider. L’Américaine Valarie Allman (70,25 m) est la seule lanceuse des engagées à avoir expédié son disque à plus de 70 mètres cette saison.
Toujours côté lancers, Alexandra Tavernier, médaillée de bronze mondiale à Pékin en 2015, retrouve une compétition qui lui a déjà souri par le passé. Elle a le potentiel pour aller en finale. Pour monter à nouveau sur la boîte, la pensionnaire Annecy Haute Savoie Athlétisme devra certainement retrouver son niveau de 2021 (record de France avec 75,38 m). Un beau challenge pour la Française (72,47 m en 2023) qui n’a jamais caché ses fragilités, ni ses combats contre la dépression. Il lui faudra sortir le meilleur d’elle-même au bon moment. C’est-à-dire dès les qualifications.
Rénelle Lamote pour une première médaille mondiale ?
Le demi-fond aura à coeur d’apporter plusieurs breloques dans l’escarcelle française. Rénelle Lamote a connu une préparation estivale perturbée par une entorse à la cheville mais la protégée de Bruno Gajer a mis les bouchées doubles à l’entraînement. La triple vice-championne d’Europe du 800 m (2016, 2018 et 2022) a effectué sa rentrée à Chorzow le 16 juillet en 1’59″30 et a ensuite été récompensée par un beau chrono de 1’58″64 à Londres le 23 juillet, ce qui fait d’elle la dixième performeuse des engagées. Rénelle Lamote a dû renoncer aux Championnats de France Elite en raison d’une douleur au tendon d’Achille.
La Montpelliéraine de 29 ans, qui abordera l’événement course par course, aura de la fraîcheur, mais manquera peut-être un peu de rythme de compétition. Elle vise une deuxième finale planétaire, huit ans après la première à Pékin en 2015, et aura fort à faire face à la Britannique Keely Hodgkinson, l’Américaine Athing Mu et la Kényane Mary Moraa. Avec une belle surprise au bout ? À noter que pour la première fois dans l’histoire des Mondiaux d’athlétisme, il y aura trois Françaises en lice sur le double tour de piste, avec Léna Kandissounon (1’59″65 en 2023) et Agnès Raharolahy (1’59″59 en 2022).
Les spécialistes du 800 m peuvent tirer son épingle du jeu
Une médaille est espérée sur le 800 m hommes avec Benjamin Robert et Gabriel Tual. Le premier nommé a amélioré son record personnel en 1’43″48 lors du Meeting de Paris le 9 juin dernier. Cinquième temps des engagés, le Toulousain de 25 ans est devancé par les quatre athlètes qui l’ont précédé dans la capitale : le Kényan Emmanuel Wanyonyi, leader de la saison estivale en 1’43″27, le Canadien Marco Arop (1’43″30) ainsi que les Algériens Slimane Moula (1’43″38) et Djamel Sedjati (1’43″40). Affecté par un pépin physique aux ischio-jambiers lors du Meeting de Marseille le 17 juillet, il a décidé de ne pas participer au Meeting de Monaco (21 juillet) ni aux France Elite (28 au 30 juillet) mais est attendu au sommet de sa forme à Budapest. Comme il est de coutume dans les grands rendez-vous, l’aspect tactique jouera bien sûr un rôle primordial. Ça tombe bien, le protégé de Sébastien Gamel est un finisseur hors pair qui est capable de remontées impressionnantes dans la dernière ligne droite.
Retardé dans sa préparation par une fracture de la clavicule lors d’un regroupement national à Tignes en mars, Gabriel Tual n’a effectué sa rentrée sur 800 m que fin juin lors du Meeting d’Ostrava. Lancé dans une course contre la montre, il a finalement réalisé les minima à Szekesfehervar (Hongrie) en 1’44″55 le 18 juillet. Finaliste aux JO de Tokyo (7e) et aux Mondiaux d’athlétisme de Eugene (6e), l‘athlète de l’US Talence fait partie des prétendants au podium. Depuis David Rudisha, le 800 m se cherche un patron. Et s’il était Français ? Néanmoins, les retrouver tous les deux sur la boîte n’a rien d’utopique. On ne peut pas oublier de citer la révélation française de l’année sur 800 m Yanis Meziane, champion d’Europe espoirs à Espoo et auteur d’une première année chez les grands assez impressionnante, comme en témoigne ses 1’44″30.
Azeddine Habz face à Jakob Ingebrigtsen et à Mohamed Katir
Azeddine Habz est dans la forme de sa vie et veut poursuivre sa saison de rêve sur 1500 m. Le sociétaire du Val d’Europe Montévrain Athlétisme a marqué de son empreinte le demi-fond tricolore en devenant le deuxième athlète à réaliser moins de 3’30. Sixième du Meeting d’Oslo en 3’29″26, celui qui suit les conseils de Philippe Dupont et de Serge Olivares a mis une claque à sa marque de référence (3’31″74 le 9 juillet 2021 à Monaco) et grimpe au deuxième rang des bilans tous temps hexagonaux derrière les 3’28″98 de Mehdi Baala (Bruxelles en 2003). À Albi le 30 juillet dernier, il a aussi conservé son titre national en patron. Le septième sur la liste des engagés ne devrait pas être loin de la boîte. Pour cela, il devra s’accrocher le plus longtemps possible à la foulée du Norvégien Jakob Ingebrigtsen (record d’Europe en 3’27″16) et de l’Espagnol Mohamed Katir (3’28″89).
Pour rappel, pour les demi-finales et la finale du 1500 m, les qualifications seront basées uniquement à la place, et non plus comme auparavant à la place puis aux meilleurs chronos pour les repéchés non directement qualifiés à la place. À Budapest sur 1500 m, il faudra faire partie des six premiers de sa série pour accéder en demi-finales puis également être dans les six premiers de sa demi-finale pour se hisser en finale.
Ils ont aussi un coup à jouer
Sur 5000 m, Jimmy Gressier (record de France en 12’56″09 à Monaco) et Hugo Hay (13’02″62) devront se montrer malins pour s’extirper du piège des séries qui ne manqueront pas de pimenter ces Championnats du monde d’athlétisme. Une épreuve où la concurrence s’annonce très forte mais un top 8 n’est pas hors de portée. Sur la distance supérieure du 10 000 m, Yann Schrub a montré de nombreuses fois qu’il était en forme dans les rendez-vous qui comptent. Les deux meilleures françaises de l’histoire sur 3000 m steeple Alice Finot (septième des engagées en 9’10″04) et Flavie Renouard (dix-neuvième en 9’19″17) sont sur la pente ascendante, mais les chances de médailles sont restreintes, dans une discipline en plein renouveau depuis quelques années. Même constat pour Djilali Bedrani qui a le potentiel et le talent pour s’inviter à la grande explication.
Les marathoniens français Morhad Amdouni, Hassan Chahdi et Mehdi Frère, qui remplace Nicolas Navarro blessé au genou, se sont préparés spécifiquement pour cette échéance. L’Éthiopien Tamirat Tola, sacré à Eugene, remettra sa couronne en jeu. Les marcheurs du 20 km Gabriel Bordier, Clémence Beretta, Pauline Stey et Camille Moutard ainsi que ceux du 35 km Aurélien Quinion et Kévin Campion ont tous franchi un cap cette année et veulent continuer à grimper dans la hiérarchie mondiale.
Les sauteurs pour jouer les trouble-fêtes
Dans le bac à sable, Hilary Kpatcha arrive en Hongrie avec la quatorzième meilleure performance des engagées en longueur. Deux ans après s’être gravement blessée au genou, la quatrième meilleure performeuse française de l’histoire (6,86 m le 10 juin à Pézenas) arrive en confiance sur cette compétition au vu de ses dernières sorties très prometteuses. La sauteuse du CA Balma a dû déclarer forfait juste avant le début du concours de saut en longueur aux France Elite à Albi en raison d’une légère douleur à l’ischio-jambier gauche. Trois athlètes se sont envolées au-delà des sept mètres en 2023 : la Jamaïcaine Ackelia Smith (7,08 m), ainsi que les Américaines Tara Davis-Woodhall (7,07 m) et Jasmine Moore (7,03 m). Huitième à Eugene en 2022 et à Londres en 2017, Jean-Marc Pontvianne a l’occasion d’être finaliste planétaire pour la troisième fois de sa carrière. En bronze à l’Euro d’athlétisme de Munich, Jules Pommery devra se surpasser pour monter une nouvelle fois sur le podium.
Sur le sautoir de perche, Margot Chevrier (4,71 m) et Thibaut Collet (5,82 m) devront sans doute sauter au niveau de leur record personnel pour intégrer le top 8. Ils seront six perchistes français en lice avec Baptiste Thiery, Ethan Cormont, Ninon Chapelle et Marie-Julie Bonnin. Le Suédois Armand Duplantis et l’Américaine Katie Moon figurent en tête chez les bookmakers pour le titre mondial.
Les relais ont envie de jouer les premiers rôles
Finaliste aux Mondiaux de Eugene, le relais 4×100 m français (Mouhamadou Fall, Méba-Mickaël Zézé, Ryan Zézé, Pablo Mateo, Aymeric Priam, Jeff Erius) arrive à maturité et a le droit de viser le podium malgré l’absence de Jimmy Vicaut. Tout le travail réalisé ces deux dernières années avec l’œil expert de Richard Cursaz, le coach national de l’équipe masculine, peut être récompensé dans la capitale hongroise. Pour cela, il faudra réussir une course pleine et des passages très propres. Le Japon, le Canada, les États-Unis et les Britanniques, emmenés par le meilleur performeur mondial de l’année sur 100 m, Zharnel Hughes (9″83), seront les collectifs à battre. Leurs compatriotes du 4×400 m (Téo Andant, Thomas Jordier, Simon Boypa, David Sombe, Gilles Biron, Loïc Prévot), médaillés de bronze à l’Euro de Munich et médaillés d’argent à l’Euro indoor à Istanbul, ne cessent de progresser et de montrer un beau comportement en championnats
Les Championnats du monde d’athlétisme disputés en Hongrie doivent idéalement lancer l’équipe de France en vue des Jeux olympiques de Paris en 2024. Chaque étape jusqu’à l’échéance olympique aura son importance, et la régularité dans les résultats sera nécessaire pour arriver à maturité. Ces Championnats du monde à Budapest sont donc l’occasion de construire un groupe solide qui devra monter en puissance dans les mois prochains.
Tous derrière les Bleus !
Crédit photo : Solène Decosta / STADION
STADION À BUDAPEST !
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