L’athlétisme dans l’objectif de Matthieu Tourault

05 juin 2020 à 13:39

Après Solène Decosta, c’est au tour de Matthieu Tourault, l’autre shooteur de l’équipe Stadion, de présenter ses dix clichés préférés captés l’été dernier lors des Mondiaux d’athlétisme à Doha où les athlètes nous en ont mis plein la vue. Tout en les commentant.

 

« Il y a eu tellement d’intensité »


Le sport et l’effort sont souvent photogéniques. Pour ne pas dire toujours. La finale du saut à la perche dames des Mondiaux de Doha n’a pas dérogé à la règle. La lutte pour la médaille d’or entre la Russe Anzhelika Sidorova et l’Américaine Sandi Morris a été splendide. Je viens me placer dans l’axe du sautoir quand Morris franchit 4,85 m dès sa première tentative et j’attends ensuite le saut de Sidorova pour immortaliser une expression de joie sur son visage. Elle passe également cette hauteur mais elle n’exulte pas comme l’Américaine, sachant certainement que le concours était loin d’être terminé vu la très bonne forme de ses concurrentes directes. Autour de moi plusieurs de mes confrères se sont placés en vue d’obtenir LA photo de ce concours.

 

Je ne sais pas si je suis vraiment à la meilleure place, mais je décide finalement de rester là. La fin du concours me donnera raison de mon emplacement et j’obtiendrai en tout trois superbes images dont celle au-dessus ! Difficile de faire un choix de photo sur une seule image qui peut résumer ce concours. Toutefois, j’ai choisi cette photo car il y a eu tellement d’intensité dans cette finale de perche qu’il était impossible de savoir qui entre Anzhelika (or avec 4,95 m) et Sandi (argent avec 4,90 m) allait monter sur la plus haute marche du podium.

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« L’envie de réussir »

Avant ces Mondiaux, j’avais eu l’occasion de rencontrer la pépite américaine Sydney McLaughlin (20 ans) au Meeting de Marseille en juillet où pendant quelques jours je l’ai suivie pendant ses entraînement et le jour de la compétition. Malgré de très bonnes prestations sur 400 m haies en amont du rendez-vous qatari, elle n’arrive pas favorite, sa compatriote Dalilah Muhammad venant d’améliorer le record du monde (52″20) de la spécialité quelques semaines plus tôt. Cette photo prise juste avant le départ de la finale mondiale en dit beaucoup sur son état d’esprit. Si on ressent logiquement du stress sur son visage, on aperçoit aussi de l’implication, l’envie de réussir et de la concentration. Peut-être trop d’envie.

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« Un duel légendaire »

La suite et fin de l’histoire ? On est au passage de l’ultime obstacle, à moins de 40 mètres de l’arrivée, et là c’est flagrant, l’image parle d’elle même. Le titre va échapper à McLaughlin. Muhammad bat sa propre référence planétaire en 52″16 tandis que McLaughlin, malgré une belle remontée dans les derniers mètres, échoue à 3 centièmes (52″23) de qui était le record du monde au départ de l’épreuve et doit se contenter de la deuxième place. La bataille promise entre les deux hurdleuses a tenu toutes ses promesses. C’était un duel légendaire. Le lendemain, j‘ai recroisé Sydney dans les couloirs du Khalifa Stadium. Déçue de sa course, elle m’avait expliqué qu’elle avait encore besoin de temps pour digérer cette deuxième place.

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« L’émotion de la victoire »

L’une des courses les plus stressantes de ce championnat : la finale du 100 mètres femmes. Par expérience, je me place, non pas dans l’axe de la ligne droite, mais directement dans le premier virage. Je sais que si j’ai une expression à capturer, elle ne sera pas sur la ligne d’arrivée mais toute de suite après. Deux favorites sortaient du lot : Les Jamaïcaines Elaine Thompson et Shelly-Ann Fraser-Pryce, respectivement placées, côte à côte, au couloir 5 et 6. Ce qui me simplifie la tâche lors du passage de la ligne d’arrivée. Une bonne image c’est une transmission d’émotion. J’ai vraiment voulu ressortir toute l’émotion de la victoire en choisissant cette photo. Techniquement ce n’était pas facile à faire car nous n’avions pas assez de lumière sur la ligne d’arrivée.

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« Un sourire de Mariya Lasitskene, ça se mérite ! »

La Russe Mariya Lasitskene, qui évolue sous pavillon neutre en raison de la suspension de son pays, exulte devant les photographes juste après avoir décroché un troisième titre mondial consécutif. Alors, pourquoi avoir choisi cette photo qui apparait au premier regard, très banale ? Mariya Lasitskene n’est pas connue pour être une athlète dont le sourire arrive jusqu’aux oreilles. Loin de là. Rares sont les moments où l’on a vu esquisser un sourire. Un sourire de Mariya Lasitskene, ça se mérite !

 

« La richesse de ce sport »

À défaut de shooter Pierre-Ambroise Bosse, éliminé prématurément en demi-finale du 800 m, il a bien fallu continuer à chercher d’autres émotions lors de la finale du double tour de piste, toujours très impressionnante. Je décidais donc de me concentrer sur une image du vainqueur, l’Américain Donavan Brazier, avec son drapeau. Lors des « photos drapeaux », nous avons toujours beaucoup d’images de joies, de déceptions ou de fraternité entre athlètes. C’est justement ce qui fait la richesse de ce sport aussi !

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« Une victoire synonyme de renaissance »

On ne pouvait pas passer à côté de la cérémonie protocolaire de Pascal Martinot-Lagarde. Pour son premier podium mondial sur 110 m haies, c’est une médaille de bronze qui est synonyme de renaissance pour PML, auteur jusqu’ici d’une saison galère après avoir notamment été touché par une mononucléose en début d’année 2019. Après un début de compétition compliqué pour le clan français, sa breloque, qui a immédiatement suivi l’argent de Quentin Bigot au marteau, a donné du baume au coeur. Cette image m’a couté un bon sprint depuis l’autre côté du stade afin de voir PML et pouvoir capter toute cette superbe énergie. Merci Pascal pour ce beau moment !

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« La rage et la détermination »

La rédaction de Stadion m’avait dit en amont du décathlon « tu ne lâches pas Kevin d’une semelle ». La consigne a été respectée à la lettre lors d’une épreuve où Mayer n’a pas été au terme des 10 travaux, la faute à une blessure au tendon d’achille contractée avant les Mondiaux. Une gêne qui s’est réveillée dès sa première journée du décathlon, entraînant par ricochet un problème aux ischios-jambiers.

 

Si les images de Kevin Mayer en pleurs sur le tapis de perche ont fait le tour du monde, je souhaite, à travers ce cliché, retenir la rage et la détermination de « Kéké la braise » à aller remporter un deuxième sacre planétaire. Malgré la douleur, il serrait les dents, donnant l’impression d’être toujours intouchable et de réciter sa partition sans trop forcer son talent. J’aime particulièrement photographier Kevin Mayer qui retranscrit toujours beaucoup d’énergie.

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« Un moment d’intensité »

Enfin une atmosphère électrique à Doha ! Ce 4 octobre, le Khalifa Stadium avait fait le plein et régnait une ambiance digne des Championnats du monde. Les spectateurs n’avaient d’yeux que pour « sa » star Mutaz Essa Barshim, attendu comme un messie par tout un pays. La liesse qui a suivi son troisième essai victorieux à 2,33 m m’a même fait sursauter. C’est vraiment extra de photographier ce moment d’intensité et d’émotion. Ce sont des grands moments de l’histoire de l’athlétisme mondial qui s’écrivent sous nos yeux et on ne veut pas en perdre un pixel !

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« Capturer des moments uniques et d’intimités »

Quelques secondes après avoir remporté la médaille d’argent sur 200 m, Andre De Grasse, enveloppé dans le drapeau canadien, prie genou à terre et tête baissée. Aux premières loges, on a la chance de capturer des moments uniques et d’intimités, de la façon la plus discrète et authentique qu’il soit. Comme vous, on a hâte de passer à autre chose après cet arrêt forcé et de refaire de belles photos. À bientôt !

Retrouvez l’interview complète de Matthieu en cliquant ici.

Article rédigé avec le soutien du service CPS de Canon France.

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