Devant les 52 000 coureurs attendus au départ du Marathon de Paris 2023, plusieurs spécialistes tricolores, à l’instar de Morhad Amdouni qui s’est emparé du record de France il y a un an, ont l’ambition de claquer de très gros chronos ce dimanche 2 avril, en pensant évidemment aux Jeux olympiques 2024. La bagarre s’annonce féroce.

D’une certaine façon, les Jeux olympiques de Paris 2024 ont déjà commencé pour les marathoniens français. Alors que la période de réalisation des minima (2h08’10 pour les hommes et 2h26’50 pour les femmes) s’est ouverte depuis le 1er novembre 2022 et se fermera au 30 avril 2024, le Marathon de Paris devrait permettre d’y voir un peu plus clair sur les trois athlètes tricolores qui porteront les couleurs de l’équipe de France lors de l’événement le plus important du siècle dans l’Hexagone. Toutefois, avec le niveau relevé de la discipline en France, les athlètes savent par avance que le niveau de performance requis ne devrait sans doute pas suffire pour les JO de Paris.

Auteur de 2h07’01 au Marathon de Valence le 4 décembre 2022 puis de 2h06’45 au Marathon de Séville le 19 février 2023, Nicolas Navarro est de son côté d’ores et déjà sélectionnable pour le rendez-vous de la capitale sur les 42,195 km. Hormis Hassan Chahdi, qui a jeté son dévolu sur le marathon de Boston le 17 avril aux côtés d’Eliud Kipchoge, plusieurs des meilleurs routards français seront au départ du Marathon de Paris ce dimanche. La lutte pour les trois places fera rage pour les JO de Paris mais aussi pour les Championnats du monde de Budapest (Hongrie, 19 au 27 août 2023) dont les minima World Athletics sont fixés à 2h09’40.

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Morhad Amdouni prêt à faire chauffer les pavés

Les spectateurs et les téléspectateurs devraient une nouvelle fois être attentifs à celui qui les a fait vibrer l’année dernière : Morhad Amdouni. Un an après avoir battu le record de France de Benoît Zwierzchiewski (2h06’36 en 2003) qui tenait depuis dix-neuf ans et qui avait été réalisé au même endroit, l’athlète coaché par Jean-Claude Vollmer revient sur le macadam de ses exploits (troisième place en 2h05’22). Forfait aux Championnats de France de cross-country à Carhaix le 12 mars en raison d’une gêne au genou et à un mollet, le fondeur du Val d’Europe Montévrain Athlétisme, qui n’a plus accroché de dossard depuis le 18 décembre dernier à la Corrida de Houilles (28’06), s’avance sans grande référence en termes de résultats ces derniers mois.

Pas un problème pour le natif de de Porto-Vecchio qui a déjà montré à nombreuses reprises sa capacité à se sublimer dans les rendez-vous qui comptent. Morhad Amdouni peut-il rêver de succéder à Benoît Zwierzchiewski, dernier vainqueur français sur le Marathon de Paris en 2002 ? Début de réponse dimanche dès 8h15.

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Mehdi Frère veut sortir le grand jeu

Détenteur d’un record personnel en 2h08’53 établi à Valence en 2020, Mehdi Frère s’est approché de son record personnel sur les bords de la Méditerranée avec 2h09’18 le 4 décembre dernier. L’élève de Thierry Choffin s’est préparé spécifiquement et consciencieusement pour réaliser un gros coup pour son quatrième marathon. Il n’est pas impossible de voir trembler le record de France puisque le Français de 26 ans, rattaché à la Garde républicaine, partira avec l’objectif d’un chrono aux alentours des 2h06.

Seizième l’an passé au Marathon de Paris en 2h10’55 Michaël Gras tient une nouvelle opportunité de renvoyer son temps de référence au fond de la cave mais devra améliorer son chrono de plus d’une minute s’il veut se qualifier pour l’échéance planétaire en Hongrie. Yoann Kowal sera également de la fête, six mois après avoir fait connaissance avec « les 42,195 km » à Londres. Sur les bases de moins de 2h10 à mi-parcours, le Périgourdin de 35 ans avait connu une seconde partie de course difficile, réussissant toutefois à trouver des ressources mentales et physiques pour boucler son effort en 2h27’59. Le champion d’Europe 2014 du 3000 m steeple peut légitimement ambitionner un temps sous les 2h12. Il faudra également composer avec Guillaume Ruel qui va tenter de battre le record du monde du 100 km à Vilnius (Lituanie) le 14 mai.

Après avoir réalisé les minima pour les Jeux olympiques de Paris 2024 sur 20 km marche en 1h19’57, Aurélien Quinion va participer à la fête, avec comme ambition de s’approcher des 3 heures. En marchant, bien sûr ! On va surveiller la prestation du trailer Mathieu Blanchard, deuxième de l’UTMB 2022 à Chamonix derrière Kilian Jornet, qui revient tout juste d’un stage au Kenya. Dorian Louvet, finaliste de Koh-Lanta 2020, qui avait bouclé ses grands débuts l’an passé dans la capitale en 2h27’49, sera sur la ligne de départ sur l’avenue des Champs-Elysées.

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Elisha Rotich, le retour du patron

Pour perfer, les Français pourront toujours essayer de s’appuyer sur le rythme des coureurs des hauts plateaux. Qui succéderont à l’Éthiopien Deso Gelmisa (2h05’07) et à la Kényane Judith Jeptum (2h19’48) qui avait pulvérisé le record de l’épreuve ? Difficile de donner un favori mais sans très grande surprise, les premières informations sur le plateau annoncent un duel entre coureurs éthiopiens et kényans, lesquels se partagent la victoire depuis 2008. L’Éthiopien Adola Guye, souverain du Marathon de Berlin 2021 (2h05’45) et fort d’un record en 2h03’46 datant de 2021, est celui qui détient le meilleur chrono des engagés. Son jeune compatriote Adeledelew Mamo, deuxième à Séville en 2022 (2h05’12), devrait lui aussi figurer aux avant-postes. 

Ils y trouveront une superbe opposition incarnée par le Kényan Elisha Rotich, qui est ni plus ni moins que l’homme le plus rapide sur les pavés parisiens depuis la création de l’épreuve en 1976, et qui reviendra chercher la gagne. En 2021, il franchissait la ligne d’arrivée en 2h04’21, améliorant ainsi le record de l’épreuve qui était détenu depuis 2014 par l’un des plus grands athlètes de l’histoire, l’Éthiopien Kenenisa Bekele (2h05’04). Son camarade Hillary Kipsambu, troisième en 2021 avec 2h04’44 et sixième en 2022, sera aussi de la partie.

Chez les femmes, la course est ouverte et on peut aussi envisager une deuxième athlète sous les 2h20 à Paris. Le duel entre l’Éthiopienne Etagegne Woldu (2h20’03 réalisé en décembre dernier à Valence) et la Kényane Ruth Chebitok (2h21’03 en 2022), devrait valoir le coup d’œil. L’Éthiopienne Yeshi Chekole (2h21’17 en 2022) tentera de jouer les trouble-fêtes. Avec un chrono référence de 2h27’26, la Moldave Lilia Fisikovici sera la meilleure européenne sur la ligne de départ. La championne de France 2022 de Deauville Anaïs Quemener (2h37’26 en 2022) sera aussi à suivre de près. Au total, ils seront 52 000 participants à vouloir franchir la ligne d’arrivée, jugée Avenue Foch.

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Crédit photo : Julie Fuster / STADION